Media Ownership Monitoring (MOM) : Qui sont les propriétaires de médias en Mongolie?

Seul un média mongol sur dix est transparent sur ses propriétaires. La majorité d'entre eux ont des affiliations politiques, ce qui limite le rôle pourtant essentiel des médias, en tant que chien de garde indépendant pour la démocratie. Voici quelques unes des principales conclusions du Media Ownership Monitor (MOM), un projet de recherche et de plaidoyer mené en Mongolie par l'Institut de presse de Mongolie et Reporters sans frontières au cours des trois derniers mois et présenté aujourd'hui à Oulan-Bator.


Les résultats, disponibles en ligne en mongol et en anglais (http://mongolia.mom-rsf.org) permettent de vérifier l’identité de ceux qui contrôle les médias mongols:



"Le projet MOM montre clairement que les obligations de transparence pour les propriétaires de médias sont déficientes en Mongolie, déclare Munkhmandakh Myagmar, directeur exécutif de l'Institut de presse de Mongolie. La transparence des structures de propriété est la base de la crédibilité de l'information. Tous les médias doivent rendre des comptes à leur public, assurer la pluralité du contenu et servir les intérêts des Mongols."


"Les résultats du projet MOM montrent que 89% des médias en Mongolie ne sont pas transparents sur leurs propriétaires. Plus inquiétant encore, pour près de la moitié des sociétés de médias, les données sur leur structure de propriété et de financement sont indisponibles."


En l’absence de lois empêchant le contrôle politique sur la propriété des médias, le marché des médias en Mongolie est pénétré par les affiliations politiques. Le taux élevé de 74% des médias ayant des affiliations politiques met non seulement en danger la liberté et le pluralisme de l'information, mais permet également une véritable manipulation de l'information. Les médias constituent un secteur particulier en cela qu’ils présentent des faits et des points de vue ouvrant un débat public qui, à son tour, forme l'opinion publique. Une forte influence du monde politique sur les médias et les journalistes peut endommager les processus démocratiques et le développement d'une société pluraliste dans son ensemble.


En Mongolie, il n'existe pas de garanties réglementaires pour empêcher la concentration des médias et les monopoles. Même si la liberté des médias est garantie par la loi, elle n'est pas pleinement mise en œuvre. Tous les pouvoirs d’autorisation et d'enregistrement appartiennent au gouvernement. Et tout le budget publicitaire de l'Etat, indispensable au financement des médias, est distribué sans aucune réglementation.


Les recherches menées lors du projet MOM et des entretiens avec des médias et des journalistes révèlent également que les journalistes sont confrontés à des pressions croissantes. "Lorsque les médias sont utilisés comme instruments politiques ou économiques par leurs propriétaires, ils les placent dans la position de servir les intérêts du propriétaire plutôt que le public, déclare Munkhmandakh. Ces dépendances peuvent également empêcher les journalistes d'être neutres et ouvrir les portes à l'autocensure. »


En outre, les journalistes mongols sont généralement surmenés et mal payés. Il est donc courant que les journalistes dépendent d'un revenu supplémentaire et mettent leur profession en vente, produisant des "contenus payés" Les sections "Politics & Friends" et "Big Business & Washed News" du site web décrivent ces phénomènes. Les résultats mettent également en évidence la corruption en tant que problème majeur affectant les relations entre la politique, les affaires et les médias en Mongolie. En conséquence, l'indépendance éditoriale est sensiblement limitée.


"Les lois sur les médias doivent être amendées et correctement mises en œuvre pour assurer que le journalisme professionnel fonctionne vraiment comme quatrième pilier de la démocratie", déclare Rediske. Munkhmandakh ajoute: "J'espère qu'il y aura de la lumière au bout du tunnel avec une nouvelle génération de journalistes et de propriétaires de médias."


"La confiance est la monnaie des médias", dit-elle. "Comment les journalistes et les médias peuvent-ils exercer un contre-pouvoir sur les dirigeants alors qu’ils sont eux-mêmes financées par des partis au pouvoir ?"


La conférence de presse d'aujourd'hui a été suivie d'une table ronde pour discuter les résultats du projet et les prochaines étapes, y compris une contribution d'experts sur le thème «L'éducation des médias» par Ljiljana Zurovac, directrice exécutive du Conseil de la presse de Bosnie-Herzégovine.



Contact Média :

Reporters Without Borders Germany

Ulrike Gruska / Christoph Dreyer / Anne Renzenbrink, media relations officers

[email protected]

Tel.: +49 30 60 98 95 33-55

Media Contact: Press Institute of Mongolia, Ms. Gunjidmaa Gongor, Head of Research

Mobile: 8800 87 87

Email: [email protected]


Publié le
Mise à jour le 08.12.2016