Manifestations anti-oléoduc dans le Dakota du Nord : RSF demande l’abandon des charges contre la journaliste Amy Goodman

La journaliste américaine, Amy Goodman, a été accusée de violation de propriété privée, après avoir couvert, le 3 septembre, une manifestation sur le site de construction d’un oléoduc dans le Dakota du Nord. Un mandat d’arrêt a été émis contre cette journaliste le 8 septembre. Reporters sans frontières (RSF) réclame l’abandon des charges pesant contre Amy Goodman, car elles constituent une violation grave du droit à l’information.

Le 8 septembre, le Comté de Morton, dans le Dakota du Nord, a émis un mandat d’arrêt contre la journaliste Amy Goodman, l’accusant d’avoir pénétré illégalement une propriété privée. Les faits qui lui sont reprochés remontent au 3 septembre. A cette date, l’animatrice et productrice de l’émission politique Democracy Now! s’est rendue sur le site des travaux de l’oléoduc le « Dakota Access » pour couvrir une manifestation organisée par des tribus amérindiennes dénonçant ce projet. Les images du reportage d’Amy Goodman montrent le cortège de manifestants en train d’être gazé et attaqué par des chiens lâchés par les forces de sécurité employées par l’entreprise de construction. Aucun membre des forces de sécurité présent sur la vidéo de la journaliste n’a pour l’instant eu à répondre d’un quelconque acte.


Les images d’Amy Goodman, diffusées sur Internet, sont rapidement devenues virales : elles ont été vues plus de 13 millions de fois sur Facebook et ont été reprises par plusieurs médias, tels que CBS, NBC, NPR.org, CNN, MSNBC et le Huffington Post. Le Bureau d’investigation criminelle du Dakota du Nord a visionné ces images pour établir les charges pesant sur Amy Goodman. « On peut voir sur cette vidéo Amy Goodman se présenter et faire des interviews des protestataires au sujet de leur implication dans l’action en cours », a déclaré sous serment l’agent spécial Lindsey Wohl, membre de ce Bureau.


« Le fait d’accuser une journaliste de violation de propriété privée alors que celle-ci couvrait un évènement d’intérêt public et à portée environnementale est une menace directe envers la liberté de la presse, affirme Delphine Halgand, directrice de RSF aux États-Unis. C’est absolument inacceptable dans le pays du premier amendement. Il s’agit clairement d’une tentative d’intimidation envers les journalistes de la part des autorités du Dakota du Nord afin qu’ils ne couvrent plus ce sujet à l’avenir. »


Lors d’une déclaration, Amy Goodman a indiqué que son mandat d’arrêt constituait « une violation inacceptable de la liberté de la presse. Je n’ai fait que mon travail en montrant des agents de sécurité de l’oléoduc lâcher les chiens sur les manifestants issus de tribus amérindiennes et les gazer. »


Pour l’heure, ni le cabinet d’avocat engagé par l’Etat du Dakota du Nord, ni le Bureau du gouverneur n’ont répondu aux sollicitations de RSF pour commenter cette affaire.


Cette obstruction au travail d’un journaliste lors d’une manifestation n’est pas un cas isolé aux Etats-Unis, où plusieurs membres de la presse ont récemment été interpellés. En juillet dernier, au moins trois journalistes ont été arrêtés et accusés de “faire entrave à la voie publique” lors de rassemblements #blacklivesmatter à Baton Rouge (Louisiane). L’année dernière, plusieurs journalistes ont subi le même sort alors qu’ils couvraient eux aussi les manifestations #blacklivesmatter à Baltimore et Minneapolis.


Les États-Unis sont classés 41e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse pour 2016 établi par RSF.


Image credit: Robyn BECK / AFP

Publié le
Mise à jour le 15.09.2016