Les Talibans menacent de désigner les médias afghans comme des cibles militaires

Reporters sans frontières (RSF) dénonce les graves menaces proférées contre les médias par les Talibans et appelle le gouvernement afghan et l’émissaire américain pour l’Afghanistan, Zalmay Khalilzad, à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les journalistes.

Dans un communiqué signé par la Commission militaire de l'Émirat islamique d'Afghanistan, publié le 23 juin 2019, les Talibans accusent  “les médias de diffuser des communiqués et parfois des publicités qui parlent mal du djihad, des moudjahidins et des Talibans, en montant la population contre eux”. Dans son avertissement, la Commission militaire donne une semaine à “ces médias pour qu’ils changent d’attitude et cessent d’être hostiles envers les Talibans (….) Dans le cas contraire, ils ne seront plus considérés comme des médias, mais comme des sources de renseignements ennemis et des cibles militaires qui seront attaquées par les moudjahidins. Les journalistes comme les médias ne seront alors plus en sécurité”. 

 

Les attaques contre des cibles civiles, comme les médias et les journalistes, constituent des crimes de guerre, alerte Reza Moini, responsable du bureau Afghanistan de RSF. Nous appelons les pays participant aux pourparlers de paix d’exiger des Talibans une déclaration et un engagement explicite à respecter les traités internationaux fondamentaux dans le domaine du droit humanitaire, à commencer par les Conventions de Genève. De son côté, le gouvernement afghan doit veiller à ce que les services des renseignements et les militaires n'utilisent pas les médias dans un but de propagande et assurer la sécurité des médias qui doivent pouvoir fonctionner de façon libre et indépendante. ”

En octobre 2015, les Talibans avaient déjà qualifié, dans un communiqué, les deux plus grandes chaînes privées du pays de “cibles militaires”. Cette menace a été mise à exécution, le 20 janvier 2016 : un attentat contre un bus de la société de production Kabura avait tué sept collaborateurs salariés de Moby Group.  

 


La reprise des pourparlers de paix entre les Talibans et les États-Unis au début de l’année 2019,  n’a pas fait diminuer la tension en Afghanistan. Si le niveau de liberté de la presse n’a visiblement pas été affecté, la sécurité des journalistes et des médias se dégrade en revanche de plus en plus, en raison notamment de l’absence de mesures protectrices des autorités. Depuis le début de l’année 2019, RSF a recensé au moins 45 cas de violences commises contre des journalistes et des médias en Afghanistan, notamment des violences physiques, des menaces et des destructions de médias.

 

L’Afghanistan se situe à la 121e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2019 établi par Reporters sans frontières.

 

Publié le
Mise à jour le 26.06.2019