La répression continue malgré la libération de cinq journalistes victimes du Dimanche noir

Reporters sans frontières condamne fermement la décision prise, le 6 mars 2013, par le procureur de Téhéran d’arrêter deux journalistes du quotidien Maghreb et de suspendre les mensuels Tajrobeh et Mehrnameh et l’hebdomadaire Aseman. Malgré la libération de cinq journalistes victimes du “Dimanche noir” contre le versement d’une caution de 100 millions de tomans (environ 150 000 euros), la répression contre la liberté d’information continue. Pejman Mousavi et Soliman Mohammadi ont été libérés le 2 mars. Quant à Sasan Aghai, Nasrin Takhayori et Saba Azarpik, leur libération est intervenue le 5 mars 2013. Le 6 mars 2013, Mohammad Mehdi Emami Naseri, directeur du quotidien Maghreb, et Alireza Aghairad, responsable des pages politiques de ce journal, ont été arrêtés sur leur lieu de travail par les fonctionnaires du parquet de Téhéran. Le journal, édité depuis début septembre 2012, publie des articles défendant les réformateurs; sa liberté de ton particulièrement étonnante constitue une gêne pour le régime. Mohammad Mehdi Emami Naseri avait déjà été arrêté, le 1er octobre 2012, avant d’être libéré après 119 jours de détention. Le jour même, dans un point de presse, le procureur général, Gholam Hossein Ejehi, a affirmé que cette arrestation n’était pas liée à l’activité professionnelle du prévenu. Le 6 mars également, les responsables de deux mensuels Tajrobeh et Mehrnameh, et de l’hebdomadaire Aseman, se sont vu conseiller, par les services des renseignements, de suspendre eux-mêmes la publication de leurs journaux. Ali Motahari, député de Téhéran et membre de la Commission d'autorisation et de surveillance de la presse, l'organe de censure du ministère de la Culture et de l'Orientation islamique, a déclaré que “ces suspensions ont été ordonnées par le procureur de Téhéran”, ajoutant que “la commission n’est pas au courant”. Ces prestigieux journaux étaient proches des réformateurs. Le 4 mars 2013, le ministre des Renseignements, Heydar Moslehi, a annoncé “l’offensive” de son ministère contre “un réseau de 600 journalistes, donc 150 à l’intérieur du pays et le reste basé à l’étranger, qui organisent leurs activités (contre le régime); certains d'entre-eux collaborent avec les médias contre-révolutionnaires”. Le 2 mars 2013, Mohammad Javad Roh, journaliste du mensuel Mehrnameh, et collaborateur de plusieurs journaux réformateurs, a été arrêté à son domicile de Téhéran, avant d’être transféré à la prison d’Evin. Sa famille ignore toujours les motifs de son arrestation. Reporters sans frontières demande la libération immédiate et sans condition de tous les journalistes et net-citoyens actuellement incarcérés.
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Mise à jour le 20.01.2016