Irak : les locaux de deux chaînes de télévision fermés par les autorités

Les chaînes Russia Today et iPlus ont été perquisitionnées par les autorités de Bagdad et les autorités kurdes et leurs bureaux ont été fermés. Reporters sans frontières (RSF) dénonce des mesures injustifiées et appelle à la réhabilitation des bureaux des deux rédactions.

C’est une nouvelle alerte pour la liberté de la presse en Irak. En deux jours, les locaux de deux chaînes de télévision ont été perquisitionnés par les autorités kurdes et les autorités de Bagdad. Jeudi 14 juillet, dans la ville de Souleymanieh, les forces de sécurité kurdes,  affiliées à l’Union patriotique du Kurdistan (UPK, le deuxième parti qui gouverne la région autonome avec le Parti démocratique du Kurdistan du président Nechirvan Barzani), ont perquisitionné un bâtiment de la chaîne iPlus. Ce nouveau média, encore en phase de test et qui devait officiellement démarrer sa diffusion dans les jours à venir, est détenu par le co-président de l’UPK, Lahur Talabany. 


La perquisition menée par les autorités kurdes intervient en pleines tensions entre Lahur Talabany et son cousin, Bafel Talabany, à la tête du parti. Selon Metro Center, une cinquantaine d’hommes masqués ont détruit du matériel, fermé les bureaux mais aussi interpellé et violemment battu certains des journalistes qui étaient présents dans les locaux de la chaîne avant de les forcer à quitter les lieux. 


La veille, le 13 juillet, c’est la chaîne Russia Today (RT) qui a été visée par une perquisition, menée cette fois à Bagdad par les forces de sécurité irakiennes. Son correspondant Ashraf Al-Azzawi a été interpellé. Selon RT, le journaliste a été conduit dans un lieu inconnu au motif que son permis de travail avait expiré. Les forces de l’ordre ont également saisi du matériel et fermé les bureaux. Pour le moment, les autorités n’ont fourni aucune explication officielle à ces mesures drastiques. 


RSF appelle à la réouverture immédiate des bureaux de Russia Today à Bagdad et de iPlus à Souleymanieh, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Sabrina Bennoui. Il est inadmissible que des médias puissent être fermés à tout moment sans avertissement préalable et que leurs collaborateurs puissent être interpellés sans motif valable allant même jusqu'à être battus par les forces de sécurité."


Ce n’est pas la première fois que des chaînes de télévision sont visées par les autorités en Irak et au Kurdistan irakien. En 2019, la Commission nationale des médias et des communications a suspendu la chaîne américaine en langue arabe Al-Hurra en raison d’un documentaire sur la corruption dans les institutions religieuses. L'année suivante, le gouvernement autonome du Kurdistan irakien a annoncé avoir engagé des procédures pour interdire la chaîne locale NRT.


En 2021, l’Irak occupe la 163e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 15.07.2021