Hongrie : RSF dénonce les attaques antisémites dirigées contre deux journalistes du site d’information Index

Des auteurs non-identifiés ont collé dans les rues de Budapest des affiches antisémites et haineuses à l’égard de deux journalistes d’Index, un site d’information hongrois. Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement à condamner publiquement ces graves attaques.

Deux journalistes d’Index, l’un des rares sites d’information indépendants de Hongrie, sont au coeur d’une campagne de diffamation. En effet, des affiches représentant Gábor Miklósi et Andras Dezso devant un drapeau israélien avec la mention « Nous aussi, nous venons de l’autre côté de la frontière ! » sont apparues à Budapest, les 23 et 24 novembre 2019. Et ces attaques ne sont pas le fruit du hasard : depuis plusieurs semaines déjà, ces deux journalistes sont la cible d’attaques répétées de la part des médias pro-gouvernementaux et d’extrême-droite.

Le 15 novembre 2019, alors que le journaliste Gábor Miklósiv effectuait un reportage sur la cérémonie d’ouverture du nouveau stade de football du FC DAC à Budapest, il ne s’est pas levé en  entendant l’hymne non officiel du FC DAC, « Without You », lorsqu’il a été chanté par  le public. Ignorant, que cette chanson était très populaire dans les cercles de droite et d’extrême droite hongrois, il s’est justifié dans son reportage, en affirmant ne se lever que pour l’hymne officiel hongrois. Cependant, les médias pro-gouvernementaux et d’extrême droite n’ont pas eu la même interprétation de l’affaire et le journaliste est, depuis, vivement attaqué par ces derniers qui le qualifient de “monstre” et “d’alien”. Quelques jours plus tard, le 20 novembre 2019, László Toroczkai, président du mouvement d’extrême droite "Notre pays", a même organisé une conférence de presse devant la rédaction d'Index, pour accuser Gábor Miklósi de comportement "anti-hongrois". 


C’est une courte vidéo dans laquelle a été mixée une partie d'un concert où a été chanté cette chanson, « Y a-t-il quelqu’un de l’extérieur de la frontière? Levez la main! », avec un reportage sur des demandeurs d’asile, qui a valu au deuxième journaliste, Andras Dezso, d’être la cible de ces attaques et de figurer placardé sur des façades de la capitale hongroise.


“Quelques mois seulement après une campagne électorale des européennes qui a fait ressurgir le spectre d’une poussée nationaliste et populiste, suscitant l’inquiétude de la communauté juive en Hongrie, cible d’une recrudescence de discours antisémites et de violences, il est impératif que le gouvernement ait un discours clair sur ces incidents, déclare Pauline Adès-Mevel, responsable du bureau UE-Balkans de RSF. Ces affiches antisémites profondément outrageantes sont inadmissibles et doivent être condamnées haut et fort par le gouvernement.” 

RSF rappelle que toute forme de stigmatisation, d'intimidation et de diffamation à l’encontre des journalistes est inacceptable et réclame une condamnation officielle et immédiate de la part du gouvernement hongrois.

L’Association nationale des journalistes hongrois,  les ambassades américaine et israélienne à Budapest ont dénoncé ces attaques tandis que le maire de la capitale fraîchement élu s’est engagé à ce que les affiches soient enlevées dès le lendemain. Ces événements viennent s’ajouter à une série de pressions dirigées contre les médias indépendants  depuis le retour au pouvoir en 2010 de Viktor Orban.

 

Il est nécessaire que l’indépendance des médias et la protection des journalistes soient assurées en Hongrie, qui occupe actuellement la 87ème place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF avec un recul de quatorze places en un an et où RSF a mené avec d’autres organisations internationales de défense de la liberté de la presse une mission de terrain du 25 au 27 novembre 2019. 

Publié le
Updated on 29.11.2019