Égypte : RSF alerte sur l’état de santé de trois journalistes victimes de négligences médicales en prison

Plusieurs journalistes emprisonnés en Égypte sont privés de soins médicaux alors qu’ils souffrent de problèmes de santé graves. Reporters sans frontières (RSF) appelle à leur libération afin qu'ils puissent recevoir une prise en charge digne de ce nom.

Les demandes désespérées de libération déposées par leurs familles restent lettre morte. En Égypte, plusieurs journalistes emprisonnés souffrent de graves problèmes de santé mais n’ont accès à aucune prise en charge médicale appropriée.


Selon des informations recueillies par RSF, le producteur d’Al Jazeera, Hisham Abdel Aziz, emprisonné depuis juin 2019, est atteint de graves problèmes de vue. Avant son arrestation, il souffrait d'un glaucome des deux yeux et d'une atrophie partielle du nerf optique ainsi que d’hypertension oculaire. Venu du Qatar en Égypte pour se faire soigner pendant son congé annuel, il avait subi deux interventions chirurgicales à l'œil droit. Mais en l’absence de traitement adapté, une opacité de la cornée peut se développer, entraînant une perte de vision conséquente.


De son côté, Amer Abdel Moneim, emprisonné depuis décembre 2020, est diabétique depuis plusieurs années. Selon l’Egyptian Network for Human Rights, joint par RSF, il est privé de produits d’hygiène, notamment de désinfectant pour les stylos servant aux injections d’insuline. 


D’autre part, la santé d’Alia Awad, emprisonnée depuis octobre 2017, inquiète vivement. En juin 2018, les médecins lui ont diagnostiqué des tumeurs utérines pour lesquelles elle a été transférée à l’hôpital puis opérée sans toutefois être libérée. Son état ne s’est pas amélioré et elle souffre de saignements. 


RSF appelle les autorités à faire preuve d’humanité en libérant ces journalistes dont l’état de santé est incompatible avec un emprisonnement, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Sabrina Bennoui. Si la justice refuse de reconnaître le caractère arbitraire des détentions, qu’elle leur permette au moins de se faire soigner dignement.


L’état des blogueurs Alaa Abdel Fattah et Mohamed Oxygen, en détention préventive depuis septembre 2019, est également inquiétant. Mardi 19 octobre, leur dossier a été transmis à une juridiction d’exception : la Cour d’urgence de sûreté d’Etat, un tribunal pénal spécial dont les verdicts sont sans appel et ne peuvent être révoqués que par le président lui-même. Une procédure qui pourrait durer encore plusieurs semaines alors que le harcèlement judiciaire subi par les deux blogueurs pèse lourdement sur leur santé mentale. En août dernier, Mohamed Oxygen a tenté de mettre fin à ses jours. Un mois plus tard, Alaa Abdel Fattah a confié à son avocat douter de sa capacité à supporter davantage ses conditions de détention. 


L’Égypte occupe la 161e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. 

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Mise à jour le 22.10.2021