Deux journalistes détenus : la répression des médias indépendants doit cesser en Afghanistan

À quelques jours d’intervalle, un journaliste de la chaîne Tamadon TV a été arrêté par la Direction générale des renseignements talibans (GDI) à Kandahar. Le directeur de Radio Nasim a, lui, été condamné à un an de prison par le tribunal de première instance de Nili. Reporters sans frontières (RSF) exige la libération immédiate des deux journalistes détenus arbitrairement. La répression des médias indépendants doit cesser.

La liberté de la presse s’est effondrée dans le sillage de la reprise du pouvoir afghan par les talibans en 2021, avec des arrestations arbitraires de journalistes et une répression des médias indépendants. RSF appelle les autorités talibanes à libérer immédiatement le directeur de Radio Nasim, Sultan Ali Javadi, et le journaliste de Tamadon TV, Abdul Rahim Mohammadi, ainsi qu’à cesser leur campagne d’intimidation des professionnels de la presse dans le pays.

Le bureau Asie du Sud
Reporters sans frontières

Le journaliste de la chaîne indépendante Tamadon TV Abdul Rahim Mohammadi travaillant à Kandahar est détenu depuis le 4 décembre par la Direction générale des renseignements talibans (GDI), sans que la GDI ou les autorités locales n’aient fourni d’informations sur le motif de son arrestation. Le journaliste était en reportage pour cette chaîne qui s’adresse principalement au public de la minorité chiite du pays. Selon les informations de RSF, il aurait été arrêté lors d’un contrôle des forces talibanes pour défaut de présentation d’une pièce d’identité puis placé en détention. 

Le 11 décembre, le directeur de la webradio indépendante Radio Nasim, Sultan Ali Javadi, a, lui, été condamné à un an de prison par le tribunal local de première instance. Lors d’une procédure à huis clos, sans la présence d’un avocat, le journaliste a été reconnu coupable de “propagande contre l'Émirat islamique d'Afghanistan” et “d'espionnage au profit de pays étrangers et infidèles”. Il a été placé en détention le 12 décembre. 

Silence radio

Radio Nasim fait l’objet d’un véritable acharnement depuis trois mois. Elle diffuse des programmes d’actualité et de divertissement depuis Nili, la capitale de la province de Daikundi au centre de l'Afghanistan. Le 27 septembre dernier, la GDI de Daikundi a arrêté brièvement Sultan Ali Javadi et deux de ses confrères, Saifullah Rezaei et Mojtaba Qasemi, confisqué leurs équipements et scellé l'entrée de Radio Nasim. D’après les sources de RSF, ils auraient été accusés de diffuser des contenus de Radio Azadi, branche afghane de Radio Free Europe (RFE)/Radio Liberty(RL) – média qui avait été retiré des ondes par les talibans en décembre 2022. Radio Nasim n’émet plus depuis ce jour-là. 

Puis, le 7 octobre, les trois journalistes, Sultan Ali Javadi, Saifullah Rezaei et Mojtaba Qasemi, ont été de nouveau arrêtés à leurs domiciles, sous prétexte de collaborer avec des médias étrangers critiques des talibans. Alors que ses deux confrères sont sortis au bout de 11 jours, Sultan Ali Javadi na été libéré sous caution que le 24 octobre. 

Le règne de la peur

La répression dont sont victimes Sultan Ali Javadi et Abdul Rahim Mohammadi s’inscrit dans une vague de répression de journalistes. Début août, neuf journalistes ont été arrêtés en moins de deux semaines dans cinq provinces du pays. Dans celle de Daikundi, où cinq médias privés opéraient dans la province avant la prise de pouvoir des talibans, trois ont été pillés après la chute du gouvernement puis le reste de leurs équipements a été saisi par le GDI. Radio Nasim est à présent fermée. Seule la radio Seday-e-Qarya est toujours en activité.

Le 19 décembre, le journaliste de TOLO news Ruhollah Sangar, a été libéré après avoir été détenu par le GDI pendant deux jours dans la province de Parwan, au nord de Kaboul. Il avait été arrêté le 17 décembre par des membres de la Direction générale du renseignement des Talibans alors qu'il travaillait dans la ville de Charikar, la capitale de la province de Parwan. Les autorités locales et le GDI de Parwan n’avaient donné aucune raison officielle à cette arrestation. 

L’Afghanistan occupe la 152e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2023 par RSF. Trois journalistes y ont été tués depuis le 1er janvier 2023, et deux y sont détenus à ce jour.

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