Dawn, le plus ancien journal pakistanais, dans le viseur des autorités

Reporters sans frontières (RSF) s’oppose à toute sanction qui pourrait être prise par les autorités pakistanaises à l’encontre du média Dawn et de deux de ses journalistes. L’organisation s’inquiète également de la possible instauration d’un “Code de conduite” pour la presse écrite.

Dans un communiqué publié le 10 mai, le gouvernement pakistanais a confirmé que les journalistes Cyril Almeida et Zaffar Abbas et le média Dawn pour lequel ils travaillent pourraient être sanctionnés dans le cadre de l’affaire “Dawn Leaks”. Le scandale survenu en octobre 2016 fait suite à la publication d’une enquête révélant des informations confidentielles internes au gouvernement.


Après la publication de l’article du Dawn, le bureau du Premier ministre avait qualifié le récit de mensonger, précisant qu’il n’avait “aucun rapport avec les faits réels”. L’armée a quant à elle insisté pour obtenir l’ouverture d’une commission d’enquête dans l’optique de pénaliser les personnes à l’origine de la divulgation des informations secrètes. Plusieurs cadres du gouvernement ont ainsi été écartés.


Dawn est le plus ancien journal du pays et bénéficie d’une large crédibilité auprès des journalistes et de la société civile. “Ce journal a fait le serment sacré d’exécuter son travail de manière indépendante, juste et, par-dessus tout, rigoureusement. Les faits que le bureau du Premier ministre a qualifié d’invention ont été minutieusement documentés et vérifiés”, a déclaré Zaffar Abbas dans un commentaire pour le journal.


Souhaitant faire de l’affaire Dawn Leaks une mise en garde exemplaire à l’ensemble de la presse, le gouvernement a annoncé dans la foulée vouloir établir un “code de conduite” pour la presse écrite.


“Cette manoeuvre des autorités et de l’armée pour punir les journalistes est très inquiétante, déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF. Les autorités doivent renoncer aux sanctions ainsi qu’à l’établissement d’un “code de conduite” pour la presse, qui constituerait un dangereux précédent et renforcerait l’environnement hostile dans lequel les journalistes exercent au Pakistan.”


En janvier, quatre blogueurs pakistanais avaient soudainement disparu. Le Pakistan se situe à la 139ème place du Classement mondial de la liberté de la presse 2017.

Publié le
Mise à jour le 23.08.2019