Dans le centre du pays, le groupe Alhu Sunna Wal Jama’a réprime lui aussi les journalistes

Les journalistes Abdi Mohamed, correspondant de la Somali National TV, Abdijamal Moalim Ahmed, correspondant de la chaîne privée Kalsan TV et de la radio Bar-kulan, et Bashiir Mohamoud Salad, correspondant pour Horncable TV, ainsi que Mme Nafiso Hersi Oogle, directrice de la station de radio privée Radio Codka Barthama à Dhusamareb, Abdullahi Farah Roble journaliste pour la radio de Mogadicio Kulmiye Radio et pour Radio Codka Bartamaha, et Mme Leylo Nor de Radio Codka Bartamaha, ont été libérés lundi après-midi sans qu'aucune charge ne soit retenue à leur encontre. ----------------------------- Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète des arrestations arbitraires de six journalistes en l’espace de 48 heures à Dhusamareb (centre du pays), dans une zone contrôlée par le groupe islamiste modéré Alhu Sunna Wal Jama’a. Ces journalistes auraient été relâchés dimanche soir puis arrêtés de nouveau lundi 3 août. Dimanche 2 août, la directrice de Radio Codka Bartamaha, Nafiso Hersi Oogle, est arrêtée par les autorités locales de la ville de Dhusamareb, sous contrôle du groupe soufi et islamiste modéré, proche du gouvernement, Alhu Sunna Wal Jama’a. La veille, Abdullahi Farah Roble et Leylo Nor, correspondants de la même radio, étaient également placés en détention. Vendredi 31 juillet, trois journalistes étaient arrêtés dans la localité : Mohamed Abdi Mohamed, correspondant de Somali National TV, Abdijamal Moalim Ahmed, correspondant de la chaîne privée Kalsan TV et de la radio Bar-kulan, et Bashiir Mohamoud Salad, correspondant pour la chaîne Horncable TV. Selon l’Union nationale des journalistes de Somalie (NUSOJ), le groupe Alhu Sunna Wal Jama’a avait ordonné aux journalistes locaux d’entrer leurs informations personnelles dans des formulaires fournis par le groupe afin de « s’enregistrer ». Plusieurs journalistes s’étaient interrogés sur l’impact que le recensement de telles données pourraient avoir sur leur sécurité. Le groupe soufi a fait le choix de répondre par une vague d’arrestations. Plusieurs douzaines de journalistes auraient quitté la ville de peur de connaître le même sort que leurs confrères. « RSF condamne les arrestations arbitraires des six journalistes par les autorités de Dhumasareb et demande leur libération immédiate et sans condition, déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF. Ces arrestations, ainsi que les actes d’intimidations contre les journalistes et les médias dans la région sont intolérables. Le groupe Alhu Sunna Wal Jama’a créé ainsi un climat hostile à la profession, alors que la liberté d’information est essentielle à la mise en place d’une société démocratique. » Le groupe opposant aux Shebab n’en est pas à ses premiers actes de répression contre la presse. D’après les informations de la SUNOJ, le 18 mai dernier, il aurait fermé la radio Galgaduud dans la ville de Guriel, arrêtait son directeur adjoint Abdulkadir Gure et empêchait la station de diffuser pendant une semaine après que ce dernier a refusé de se soumettre à la réglementation stricte imposée aux médias. Le jour suivant, le correspondant de la Somali National TV Osman Mohamed Adan était placé en détention par l’administration locale et déporté à Mogadicio. La Somalie est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Les arrestations, menaces, et assassinats de journalistes se multiplient dans un climat d’impunité totale… Sur les 43 assassinats de journalistes dénombrés depuis 2009, un seul a mené à une condamnation. Si les attaques physiques contre les journalistes sont souvent l’œuvre de groupes rebelles – notamment la milice islamiste des Shebab qui figure parmi les Prédateurs de la liberté de la presse, d’autres crimes sont commis par le gouvernement. Les abus de pouvoir sont monnaie courante en Somalie, où les autorités font fi de leurs propres lois en ordonnant fermetures abusives de médias et arrestations arbitraires à répétition. La Somalie se situe à la 172e place sur 180 pays au Classement mondial 2015 de Reporters sans frontières pour la liberté de l’information.
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Mise à jour le 20.01.2016