Chine : un commentateur politique détenu pour “subversion”

Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération de Guo Feixiong, un défenseur historique de la liberté de la presse en Chine, qui la semaine dernière a été formellement accusé « d’incitation à la subversion du pouvoir de l’État » après plus d'un mois de détention.

Le commentateur politique et avocat défenseur des droits humains chinois Yang Maodong, plus connu sous le nom de plume
Guo Feixiong, a été formellement accusé d’ « incitation à la subversion du pouvoir de l’État » le 12 janvier 2022, après plus d'un mois de détention dans la ville de Guangzhou (sud de la Chine).
Guo Feixiong n'avait plus donné de nouvelles depuis le 5 décembre 2021, date à laquelle il avait envoyé un message à ses amis proches pour leur annoncer qu'il allait être placé en détention. 


Guo Feixiong, 55 ans, a déjà été emprisonné de 2006 à 2011 pour
« activités commerciales illégales » après la publication d'un livre intitulé Séisme politique à Shenyang, dans lequel il enquêtait sur la corruption du gouvernement dans la province du Liaoning ; et de 2013 à 2019 pour « rassemblement des foules en vue de troubler l'ordre social » après avoir prononcé un discours en faveur de la liberté de la presse lors d’une manifestation anti-censure organisée par un journal local. Pendant son séjour en prison, Guo a été soumis à la torture, notamment à des chocs électriques. 


« En arrêtant à nouveau Guo Feixiong, après l'avoir déjà détenu pendant 11 ans par le passé, le régime chinois montre sa détermination à faire taire à tout prix l'un des plus ardents défenseurs de la liberté de la presse en Chine », s’indigne le directeur du bureau Asie de l'Est de RSF, Cédric Alviani, qui appelle la communauté internationale à faire pression sur Pékin pour « obtenir la libération de Guo Feixiong, ainsi que celle de tous les autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus en Chine. »


Le 28 janvier 2021, Guo Feixiong avait tenté de quitter la Chine pour les États-Unis afin de rendre visite à son épouse Zhang Qing, atteinte d’un cancer en phase terminale, mais l'embarquement lui a été refusé. Zhang Qing est décédée au début du mois, sans qu’elle puisse revoir son mari. 


RSF a récemment publié Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, une enquête inédite qui révèle la campagne de répression sans précédent menée ces dernières années par le régime chinois contre le journalisme et le droit à l'information dans le monde entier.


Plus grande prison au monde pour les journalistes avec au moins 128 détenus, la Chine stagne au 177e rang sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2021.

Publié le
Mise à jour le 21.01.2022