Chine: RSF condamne le harcèlement des médias étrangers

RSF condamne l’interpellation par des agents en civil des correspondants de Voice of America (VOA) et du journal canadien The Globe and Mail, dernier épisode du harcèlement des médias étrangers en Chine.

Dans la nuit du 23 au 24 août, le journaliste Nathan VanderKlippe, correspondant du quotidien canadien The Globe and Mail, enquêtait dans la région autonome du Xinjiang (nord-ouest) lorsqu’il a été interpellé et retenu plusieurs heures par les services secrets chinois. Son ordinateur a été temporairement saisi et les agents ont consulté les fichiers de sa caméra. Une fois libéré, il a été suivi sur 200 kilomètres, jusqu'à son retour à l’hôtel.


Dix jours auparavant, le 14 août, le correspondant de Voice of America (VOA), Ye Bing , avait également été interpellé par des agents et civil et retenu quatre heures alors qu’il couvrait, avec une personne de son équipe, le procès à huis-clos de l’activiste et défenseur des droits humains Wu Gan dans la ville de Tianjin (nord-est). Ils avaient été contraints d’effacer des photos et s’étaient vu temporairement confisquer leurs appareils électroniques.


“Il est scandaleux que des journalistes dûment accrédités se fassent interpeller alors qu’ils se trouvent en reportage et soient retenus, même temporairement, pour simplement avoir fait leur travail de journaliste, s’indigne Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF. La confiscation provisoire de leur matériel est clairement une tentative de la part des autorités chinoises d'accéder à leurs fichiers, ce qui met potentiellement leurs sources en grand danger.”


Ce type d’interpellation n’est pas une nouveauté en Chine. Le 28 octobre 2013, lorsqu’une voiture chargée de bidons d’essence s’était précipité contre l’entrée de la Cité interdite, faisant deux morts et quarante blessés, des journalistes de la BBC et de l’AFP, un photographe et une vidéaste qui tentaient de couvrir l’événement avaient aussi été interpellés par la police.


Un des derniers bastions de l’information libre


Harceler les correspondants étrangers est une tactique habituelle de la part du pouvoir de Pékin, ce qui ne l’empêche pas de se poser en “victime de leurs attaques” quand ils publient des informations contredisant sa propagande. Avec la récente mise au pas des médias nationaux, des blogueurs et le renforcement de la “grande muraille numérique”, les journalistes étrangers sont un des derniers bastions de l’information libre en Chine.


Fin 2015, les autorités chinoises ont ainsi expulsé Ursula Gauthier, la correspondante de l'hebdomadaire français L’Obs, en poste depuis six ans, suite à un article qui contestait le parallèle fait par Pékin entre la lutte contre le terrorisme en France et "l’écrasement sans merci de la minorité musulmane Ouïghour” dans la province autonome du Xinjiang. Le ministère des Affaires étrangères chinois l’avait sommée de faire des excuses publiques, mais elle avait refusé de se soumettre au chantage.


Le New York Times qui publie depuis 2012 une version en chinois sur Internet, a également été victime de harcèlement et de blocage. Chris Buckley son correspondant en Chine depuis douze ans, a été expulsé la même année suite à la publication d'une enquête sur la fortune de l'ancien Premier ministre Wen Jiabao.


En 2012, les autorités chinoises avaient refusé de renouveler le visa de la journaliste américaine Melissa Chan , correspondante de la chaîne d'information Al-Jazeera English, provoquant la fermeture du bureau. En 2009, Marc McKinnon, correspondant en Asie de The Globe and Mail et prédécesseur de Nathan VanderKlippe, avait aussi été expulsé alors qu'il travaillait sur le sujet du Xinjiang.



La Chine, 176e sur 180 pays dans le Classement RSF de la liberté de la presse, détient dans ses geôles plus de 100 journalistes et cyber-journalistes.

Publié le
Mise à jour le 29.08.2017