Birmanie : “le refus du non-lieu pour les deux journalistes de Reuters est la démonstration d’une justice aux ordres”

Un juge a décidé lundi 9 juillet d’ouvrir le procès des journalistes birmans de Reuters Wa Lone et Kyaw Soe Oo en vertu de la loi sur les Secrets d'Etat. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement cette décision et appelle à leur libération inconditionnelle et immédiate.

La justice birmane a tranché ce matin. Après plus de 200 jours de détention et des mois d’audiences préliminaires, les journalistes de Reuters Wa Lone, 32 ans, et Kyaw Soe Oo, 28 ans, devront subir un procès, au terme duquel ils risquent 14 ans de prison pour avoir enquêté sur le massacre de civils Rohingyas perpétré par des militaires en septembre 2017 dans le village d’Inn Din, dans le nord de l’Etat d’Arakan. Arrêtés le 12 décembre dernier au cours d’un guet-apens tendu par la police, les deux journalistes birmans ont été mis en examen pour violation de la loi sur les Secrets d’Etat, un texte datant de l’ère coloniale que l’armée instrumentalise lorsqu’elle ne veut pas que des journalistes enquêtent sur certains sujets. 


“Le refus d’accorder un non-lieu aux journalistes Wa Lone et Kyaw Soe Oo est la démonstration d’une justice aux ordres et signe un échec de la transition démocratique en Birmanie, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Avec l’ouverture de ce procès, malgré de nombreuses incohérences et les preuves indiscutables de l’innocence des deux journalistes mises en lumière au cours des audiences préliminaires, les chances de voir éclore une presse libre et indépendante en Birmanie s’amenuisent considérablement.”


RSF considère que la détention de Wa lone et Kyaw Soe Oo est manifestement arbitraire et appelle à leur libération immédiate et inconditionnelle.


La Birmanie a perdu 6 places dans le nouveau classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018, et se positionne désormais à la 137e position sur 180 pays.

Publié le
Mise à jour le 23.08.2019