Assassinat d’un journaliste en délicatesse avec les autorités d’une municipalité de l’État de Durango

Reporters sans frontières demande que toute la lumière soit faite sur l’assassinat, le 3 mai 2009, de Carlos Ortega Melo Samper, correspondant du quotidien Tiempo de Durango à Santa Maria del Oro, dans l’État de Durango (Centre-Nord). Les éditoriaux de la victime exaspéraient notoirement l’administration locale. “La mort de Carlos Ortega Samper Melo est lourde de symboles, assassiné le 3 mai, journée consacrée à la liberté de la presse dans le monde, dans un pays qui est devenu le plus risqué du continent pour les journalistes. Nous demandons, avec la direction du Tiempo de Durango, l’ouverture d’une véritable enquête sur cet assassinat. Nous souhaitons également connaître les raisons pour lesquelles la justice de l’État de Durango a négligé les menaces reçues par la victime. Nous exprimons tout notre soutien à la famille et aux collègues de Carlos Ortega Samper Melo”, a déclaré Reporters sans frontières. D’après le récit de la direction du Tiempo de Durango à l’organisation, deux voitures à bord desquelles se trouvaient quatre individus ont abordé Carlos Ortega Melo Samper alors qu’il regagnait son domicile dans l’après-midi du 3 mai. Les inconnus ont tenté d’enlever le journaliste qui a résisté à ses agresseurs avant d’être tué par balles. Dans une chronique datée du 28 avril dernier, le journaliste, également avocat, avait mis en cause l’administration pour des problèmes d’insalubrité au sein de l’abattoir municipal. Cet article lui a causé le lendemain une sérieuse altercation avec le maire de Santa Maria del Oro, Martín Silvestre Herrera, et l’agent municipal chargé des programmes fédéraux, Juan Manuel Calderón Guzmán. Carlos Ortega Melo Samper avait d’ailleurs dénoncé des actes frauduleux attribués à celui-ci au détriment de l’Union des éleveurs de l’État. Le mobile de l’assassinat reste à établir, mais la direction du Tiempo de Durango a demandé aux autorités de ne pas négliger la piste professionnelle. Deux mois auparavant, la voiture du journaliste avait été incendiée, alors qu’elle était stationnée devant son domicile, mais le représentant local du ministère public, Salvador Flores Triana, n’avait pas jugé bon d’ouvrir une enquête. Le parquet général de l’État vient de muter ce dernier et l’a remplacé par son collègue Héctor Pérez Martinez, désormais en charge de l’enquête. Carlos Ortega Melo Samper collaborait depuis un an au quotidien Tiempo de Durango, où il tenait une chronique au ton souvent acide. Il avait auparavant collaboré pendant cinq ans au quotidien El Siglo de Durango. En tenant compte des statistiques de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), son décès porte à 48 le nombre de journalistes assassinés au Mexique depuis 2000, dont trois depuis le début de l’année 2009.
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Mise à jour le 20.01.2016