Apple Daily hacké, Pékin principal suspect

Plusieurs cyberattaques ont été recensées à l’encontre de sites internet hongkongais, notamment celui du quotidien privé Apple Daily, réputé pour son ton critique à l’égard des autorités chinoises. De nombreux observateurs soupçonnent Pékin d’en être à l’origine.

Le spectre de Pékin plane-t-il sur les récentes cyberattaques dont ont été victimes des sites internet hongkongais ? Le site d’Apple Daily était inaccessible, mercredi 18 juin 2014, suite à une succession d’attaques informatiques. Le président de Next Media, groupe propriétaire d’Apple Daily, Jimmy Lai, a accusé la Chine d’être à l’origine de ces cyberattaques. Celles-ci interviennent quelques jours après que le site hébergeant une simulation de référendum démocratique, popvote.hk a été attaqué. “Le fait qu’un journal réputé pour sa position pro-démocratie soit la cible de cyberattaques est profondément inquiétant pour la situation de la liberté d’information à Hong Kong. Regarder à qui profite les attaques peut être un moyen efficace d’en déterminer les auteurs”, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Si les attaques à l’encontre d’Apple Daily sont quotidiennes, selon Cheung Ka-sing, le chef exécutif de Next Media, celle du 18 juin, “était sans précédent”. Le 20 juin, le site était à nouveau indisponible. En réponse aux accusation désignant Pékin comme responsable, le porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Hua Chunying a déclaré “ne pas être au courant des détails”, ajoutant que la Chine était aussi “une victime de piratage de la part de pays étrangers”. Le 14 juin 2014, le site popvote.hk, qui organise un référendum en préparation des élections de 2017, a lui aussi été la cible d’une vague de cyberattaques qui n’ont pas été revendiquées. Face aux attaques, Popvote.hk a allongé la période de vote afin de permettre au plus grand nombre de participer au suffrage. Les participants pourront ainsi choisir, du 20 au 29 juin, parmi trois options le mode de vote de l’élection du chef exécutif du gouvernement de Hong Kong. Pékin a déjà annoncé son opposition à l’élection au suffrage universel de candidats librement présenté, préférant proposer sa propre liste qui devra être validée par la suite par les électeurs. Les attaques informatiques concernent également les sites hébergés à l’extérieur de la Chine. Boxun, dont le siège est à New York, affirme être régulièrement victime de hackers chinois, essayant d’infiltrer des virus ou des liens permettant de pister les adresses IP des utilisateurs. La visite récente de Reporters sans frontières à Hong Kong a permis à l’organisation d’échanger avec de nombreux acteurs: journalistes, net-citoyens et défendeurs de la liberté d’information. Tous émettent le même constat, celui d’une dégradation de la liberté d’information et de la liberté de la presse passant par l’autocensure ou la pression de certaines rédactions. Hong Kong se positionne à la 61e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016