Affaire Barrett Brown: 11 des 12 chefs d’inculpation levés

Reporters sans frontières est soulagée d’apprendre l’abandon, le 5 mars 2014, de la plupart des chefs d’accusation retenus contre Barrett Brown, collaborateur des médias The Guardian et Vanity Fair, notamment celui de vol d’identité aggravée, probablement la plus inquiétante au vu de la liberté d’information. Inculpé le 12 septembre 2012 pour avoir publié un lien vers un site qui avait rendu publics plusieurs milliers d’e-mails échangés entre les membres de la société privée de surveillance Stratfor, le journaliste encourait jusqu’à 105 ans de prison ferme. Dans ses enquêtes, Barrett Brown avait mis le doigt sur des informations mettant en évidence des relations entre les services de renseignements gouvernementaux et des agences de sécurité privées, informations manifestement compromettantes aux yeux du gouvernement américain. Également à l’origine de la révélation du projet ‘Team Themis’ destiné à neutraliser l’activité des hackers Anonymous et à museler la voix des journalistes gravitant autour du groupe activiste, Barrett Brown était dans le collimateur des autorités depuis 2011. Reporters sans frontières a co-signé un mémoire en amicus curiae avec les organisations internationales de défense de la liberté d’expression Electronic Frontier Foundation, Reporters Committee for Freedom of the Press, Freedom of the Press Foundation, Committee to Protect Journalists, et PEN American Center, en soutien au journaliste. Ce mémoire démontre la nature injustifiée des accusations portées contre le journaliste, entraves à la libre expression protégée par le Premier Amendement de la Constitution des États-Unis. “Si Reporters sans frontières salue la décision des Procureurs fédéraux du Texas, nous rappelons que Barrett Brown est toujours incarcéré pour obstruction à la justice et pour menace contre des agents des forces de l'ordre, proférés au moment de son arrestation en 2012. Ces accusations représentent, selon les avocats de la défense, un risque d’emprisonnement pouvant aller jusqu'à 70 ans. Nous demandons l’abandon immédiat de l’intégralité des charges qui demeurent contre Barrett Brown. Le journaliste a fait les frais d’une interprétation trop large et abusive du concept de la protection de la sécurité nationale au détriment de la liberté de l’information”, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de l’organisation. Au 46e rang sur 180 pays, les États-Unis ont perdu 13 places par rapport à 2013 dans le Classement mondial de la liberté de la presse publié en février 2014 par Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016