Zarganar libéré, les vidéo-journalistes de la DVB toujours emprisonnés

Reporters sans frontières se réjouit de la libération, le 12 octobre 2011, du blogueur et comédien Zarganar de la prison de Myitkyina, dans l'Etat Kachin (nord), dans le cadre d'une "amnistie générale" décrétée par le gouvernement concernant plusieurs dizaines de prisonniers politiques. L'organisation appelle les autorités à poursuivre cette politique d’ouverture en libérant notamment les dix-sept vidéo-journalistes de la Democratic Voice of Burma toujours en détention. "Nous sommes heureux que Zarganar puisse enfin rejoindre les siens. Cette vague de libérations est un premier geste, un geste important dont nous comprenons toute la portée. Mais il doit être suivi d’autres qui guideront le pays vers plus de liberté et de démocratie. A terme, nous espérons que le régime libèrera rapidement tous les prisonniers de conscience, dont les nombreux journalistes et net-citoyens injustement emprisonnés. Et que les charges retenues contre eux seront annulées. A terme, blogueurs, journalistes et collaborateurs de presse doivent pouvoir exercer librement leur travail en Birmanie, a déclaré Reporters sans frontières. Cela demandera des réformes profondes, dont l’abrogation de l’Electronic Act qui a trop souvent été utilisé pour censurer toute expression dans le pays." Vers 11 heures du matin heure birmane, les médias en exil ont relayé l'annonce de la libération de Zarganar de la prison de Myitkyina. Il a pu parler à sa famille et a donné une interview dans laquelle il affirme vouloir continuer ses activités. Le comédien, qui a fêté son 50ème anniversaire en prison le 12 janvier 2011, souffre de jaunisse et d'hypertension. Il a besoin de soins médicaux. Zarganar avait été arrêté, le 4 juin 2008, après avoir témoigné pour des médias étrangers, notamment la BBC World Service, sur la mauvaise gestion et le silence coupable du gouvernement birman face aux dégâts humains et matériels causés par le cyclone Nargis. Il avait été condamné à une peine de 35 ans de prison, en vertu de la loi électronique. Reporters sans frontières avait attribué au comédien son prix dans la catégorie "cyber dissident" en 2008, ex-aequo avec Nay Phone Latt. Dix-sept vidéo-journalistes (VJ) de la DVB, média birman en exil, sont toujours en prison après avoir été condamnés à de lourdes peines de prison (voir la campagne "Free Burma Vjs") : Parmi eux, Hla Hla Win, qui purge une peine de 27 ans de prison, Sithu Zeya, âgé de 21 ans, condamné à huit ans de prison ferme en décembre dernier pour avoir photographié le bilan désastreux d’une attaque à la grenade à Rangoon en avril 2010. Son père, U Zeya a été arrêté à son tour et condamné à 13 ans de prison pour avoir dirigé une équipe de vidéo-journalistes. Ngwe Soe Lin a été condamné à 13 ans de prison en 2009 pour sa collaboration à la réalisation du documentaire de la DVB, « Les orphelins du cyclone Nargis » (documentaire primé par Channel 4). Et Win Maw purge une peine de 17 ans de prison. Plusieurs blogueurs son également en détention. Nay Phone Latt, (http://www.nayphonelatt.net/), propriétaire de trois cybercafés à Rangoon, a été condamné, le 10 novembre 2008, à vingt ans et six mois de prison pour avoir témoigné sur son blog de la difficulté des jeunes Birmans à s’exprimer librement. Kaung Myat Hlaing a écopé, le 2 février 2011, de dix ans de prison, s’ajoutant aux deux ans de détention déjà prononcés à son encontre en avril 2010. Il lui est reproché d’avoir participé à des campagnes d’affichage en faveur de la libération d’Aung San Suu Kyi et d’autres prisonniers politiques.
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Updated on 08.12.2021