Voiture piégée contre un local de Televisa, le troisième attentat contre la chaîne en dix jours

Le dispositif de protection des locaux des rédactions doit être renforcé conjointement par les autorités fédérales et locales, après l’attentat commis contre la chaîne nationale Televisa dans la nuit du 26 au 27 août 2010 à Ciudad Victoria (État de Tamaulipas). Il s’agit de la troisième attaque à l’explosif ciblant ce même média en dix jours. Deux attentats similaires avaient eu lieu dans la nuit du 14 au 15 août à Matamoros (Tamaulipas) et Monterrey (Nuevo León). La déflagration de Ciudad Victoria n’a heureusement pas fait de victimes, en l’absence du personnel. Elle a néanmoins occasionné des dégâts de façade et causé l’interruption du signal de la chaîne. Cet attentat survient juste après le massacre de 72 émigrants clandestins dans la région. La couverture de cette tragédie expliquerait-elle un acte d’intimidation contre un média d’audience nationale ? L’enquête doit aussi répondre à cette question. _____________ 17.08.10 - La chaîne nationale Televisa deux fois visée en une nuit
La chaîne de télévision nationale Televisa a été la cible de deux attentats commis presque simultanément, dans la nuit du 14 au 15 août 2010, dans les villes de Matamoros (État de Tamaulipas) et Monterrey (Nuevo León). Les locaux ont subi des dommages sérieux dans les deux cas. L’attentat de Monterrey a fait deux blessés légers. Selon le même mode opératoire, des inconnus en voiture ont lancé des explosifs contre le siège du média à Matamoros, aux alentours de 21 heures, et à Monterrey vers 1h30 du matin. Ce double attentat porte à trois les attaques criminelles commises contre la chaîne, dont deux dans le seul État de Tamaulipas. D’après nos informations, une enquête a été officiellement ouverte par la délégation du ministère fédéral de la Justice (PGR) de chaque État. Or, aucun représentant n’était encore entré en contact avec le personnel de Televisa dans la journée du 16 août. Il y a urgence. A Monterrey, où la rédaction avait déjà subi une attaque similaire en janvier 2009, les journalistes font état de menaces permanentes attribuées au narcotrafic. Les dispositifs de protection des rédactions doivent être renforcés en conséquence. ---------------------------- 11.08.2010 - Dix jours après sa disparition, le directeur d’un hebdomadaire de Zacatecas réapparaît Ulises González García, directeur de l’hebdomadaire régional La Opinión, enlevé le 29 juillet dernier à son domicile de Jérez (Zacatecas), a été libéré le 9 août dans la matinée. Ulises González García a directement été interné dans un hôpital privé, à sa libération. Le journaliste, qui présentait des signes de torture, a été aussitôt admis à l’hôpital. Cette libération représente évidemment un soulagement mais elle ne traduit pas pour autant une amélioration de la situation générale de la liberté de la presse au Mexique. Le pays occupe, avec le Honduras, le premier rang de dangerosité pour les journalistes. Nous publions à cette occasion le décompte de tous les journalistes assassinés au Mexique depuis 2000, ainsi que les disparus recensés depuis 2003. Cette liste inclut à la fois les crimes liés à l’activité professionnelle et ceux dont le motif reste inconnu à ce jour. -------------------------------------------- 6.08.10 - Arrestation de trois membres présumés d’un cartel soupçonnés d’avoir participé à un quadruple enlèvement Trois individus soupçonnés d’appartenir au redoutable cartel de Sinaloa ont été arrêtés, le 4 août 2010, pour leur implication présumée dans l’enlèvement de quatre journalistes dans l’État de Durango. Javier Canales Fernández, Alejandro Hernández Pacheco (respectivement cameraman du groupe Multimedios Laguna et de la chaîne nationale Televisa), Héctor Gordoa Márquez (Televisa) et Oscar Solis Gurrola (quotidien El Vespertino) avaient été enlevés le 26 juillet dernier, quelques heures après la couverture d’une manifestation contre le limogeage d’une directrice de prison. Ces arrestations interviennent dans un contexte de violence incessante au Mexique. Une marche pacifique organisée par les professionnels des médias aura lieu le 7 août 2010 à 12 heures, dans les rues de la capitale et simultanément dans divers États du pays, dont ceux de Chihuahua, Chiapas, Nuevo León et Sonora, particulièrement exposés dans le contexte de l’offensive fédérale contre le narcotrafic, qui a fait plus de 30 000 morts depuis décembre 2006. La profession exige notamment des garanties pour sa sécurité et une efficace lutte contre l’impunité, afin de réduire le nombre particulièrement élevé d’assassinats et de disparitions de journalistes. S’il faut se féliciter des avancées dans l’enquête sur le quadruple kidnapping de l’État de Durango, on est malheureusement toujours sans nouvelles d’Ulises González García, directeur de l’hebdomadaire régional La Opinión, enlevé le 29 juillet dernier à son domicile de Jérez (Zacatecas). Le Mexique occupe la 137e place sur 175 dans le classement mondial sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières. ------------------------------------------ 3.08.2010 - Une disparition et un exil suivent quatre libérations au terme d'un mois de juillet tragique Le soulagement suscité par la libération de quatre journalistes enlevés le 26 juillet dernier dans la région de Gómez Palacio (État de Durango) aura été de courte durée. Trois jours plus tard, le nom d’Ulises González García, directeur de l’hebdomadaire La Opinión à Jérez (Zacatecas), s’est ajouté à la liste des onze journalistes déclarés disparus depuis 2003. Ce nouveau drame intervient à l’issue d’un mois de juillet particulièrement dramatique pour la presse avec trois nouveaux assassinats portant à 67 le nombre de professionnels des médias tués dans le pays depuis 2000. Le mobile de la disparition d’Ulises González García reste inconnu d’après certains de ses collègues que nous avons contactés. Des témoins cités dans la presse ont rapporté que le journaliste avait été enlevé à son domicile dans la matinée du 29 juillet et que ses ravisseurs auraient exigé une rançon importante. Ni la famille ni la rédaction n’ont donné davantage de détails. Le porte-parole du ministère de la Justice de l’État de Zacatecas a confirmé, le 2 août que les autorités, avaient été averties de l’enlèvement de Ulises González García, le 29 juillet, et avaient ouvert d’emblée une enquête dont les éléments ne seraient pas divulgués, au nom du secret de l’instruction. Les autorités ont également dit connaître l’hebdomadaire local et ses éditions récentes relatant les agissements du crime organisé dans la municipalité. Tout doit être mis en œuvre pour retrouver la trace du confrère, avec le concours des autorités fédérales et en toute transparence. Nous espérons que cette affaire connaîtra un dénouement similaire à la prise d’otages par le crime organisé de quatre journalistes de l’État de Durango. Javier Canales Fernández et Alejandro Hernández Pacheco, respectivement cameraman du groupe Multimedios Laguna et de la chaîne nationale Televisa ont été libérés dans la matinée du 31 juillet. Relâché deux jours auparavant, Héctor Gordoa Márquez, journaliste pour le programme de Televisa “Punto de Partida”, avait été enlevé en même temps qu’eux par des individus se revendiquant du Cartel du Pacifique. Séquestré le même jour, cette fois à son domicile, Oscar Solis Gurrola, du quotidien El Vespertino, avait recouvré la liberté quelques heures plus tard. Les journalistes avaient été enlevés quelques heures après la couverture d’une manifestation contre le limogeage d’une directrice de prison. Cette dernière, Margarita Rojas, était soupçonnée d’avoir facilité la remise en liberté de prisonniers condamnés pour trafic de drogue avec la complicité des autorités locales. Dans trois vidéos relayant leurs exigences, les ravisseurs dénonçaient les collusions entre le groupe paramilitaire des Zetas et les autorités policières des États de Durango et Coahuila. Cette affaire démontre, s’il en était besoin, comment les cartels tentent d’instrumentaliser la presse pour se garantir une publicité ou mener campagne contre des organisations criminelles rivales. Le jour de la libération des journalistes de Durango, la chaîne Televisa a été la cible d’un attentat à Nuevo Laredo, dans l’État frontalier de Tamaulipas. La rédaction locale du média a subi des dommages matériels après des jets de grenade, qui n’ont heureusement pas fait de blessés. Le 2 août, les journaux Norte et El Mexicano, édités à Ciudad Juárez, ont fait l’objet d’une menace d’attentat à la bombe dans leurs locaux. Il s’agissait heureusement dans les deux cas de fausses alertes qui ont cependant provoqué une importante mobilisation policière ainsi qu’une forte angoisse parmi les journalistes. Le risque de payer de sa vie le prix de son métier pousse de plus en plus de journalistes mexicains à l’exil. Martín López Castro, journaliste de la chaîne Canal 44 basé à Ciudad Juárez (Chihuahua) s’est réfugié à El Paso (Texas), le 27 juillet, après avoir découvert un graffiti l’avertissant d’une décapitation. Nous demandons aux services migratoires des Etats-Unis d’accéder le cas échéant à la demande d’asile de ce journaliste comme elles l’ont fait pour d’autres collègues avant lui avec le soutien de Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016