Vive inquiétude pour Faïg Amirov, privé de soins en prison
Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de l’état de santé de Faïg Amirov, incarcéré sous des prétextes absurdes depuis le 20 août 2016. L’organisation réitère son appel à le libérer sans délai et à mettre un terme au harcèlement du quotidien d’opposition Azadlig.
Faïg Amirov, en prison depuis près de trois mois, se trouve dans un état de santé critique, rapporte son avocat le 9 novembre. Le directeur financier du principal quotidien d’opposition azerbaïdjanais, Azadlig, qui souffre d’une maladie chronique de l’estomac, n’a pas reçu la nourriture appropriée à sa condition et a perdu 20 kg. Son avocat a demandé à ce qu’il soit transféré dans un milieu médicalisé, mais n’a reçu aucune réponse.
“Non seulement Faïg Amirov est incarcéré de façon totalement illégitime, mais il est privé des soins dont il a impérativement besoin, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Cette situation en dit long sur le respect des droits de l’homme en Azerbaïdjan. Nous sommes extrêmement inquiets pour Faïg Amirov et appelons de nouveau à sa libération immédiate et inconditionnelle. En tout état de cause, il doit absolument recevoir les soins que nécessite son état de santé.”
L’arrestation de Faïg Amirov a permis aux autorités de porter un coup sévère à Azadlig, déjà très affaibli par diverses manoeuvres d’étouffement et dont la publication a été interrompue. Sans sa signature, aucune interaction avec la banque n’est possible et les tentatives de la rédaction de nommer un nouveau directeur financier n’ont pas été reconnues par l’établissement, de façon totalement illégale. L’imprimeur n’a par conséquent pas pu être payé et a arrêté sa collaboration avec le quotidien.
Dans un même temps, des enquêteurs ont interrogé une dizaine de personnes ayant publié des messages de partis d’opposition, des annonces, des voeux ou des condoléances, pour savoir si elles avaient rémunéré le journal contre services. Le but de la manœuvre serait de mettre en cause pénalement le journal pour publicité déguisée ou articles commandés, mais jusqu’à présent, aucun témoignage à charge n’a été recueilli. Les enquêteurs ont également prévenu durant leurs interrogatoires que toute aide matérielle à Azadlig serait considérée comme un “soutien à des ennemis du peuple”.
“Ces pressions ne sont pas nouvelles, ce n’est qu’une nouvelle tentative de faire disparaître notre journal, déclare à RSF Ganimat Zahid, rédacteur en chef d’Azadlig. Ce n’est pas la première fois que nous sommes forcés d’interrompre la publication, mais nous n’avons jamais baissé les bras. L’arrestation de Faïg est uniquement liée à son activité de directeur financier, ils ont fermé les cordons de la bourse.”
Faïg Amirov a été jeté en prison le 20 août 2016 dans le cadre d’une vague d’arrestations de soi-disant partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’être à l’origine de la tentative de coup d’état en Turquie. Des livres “gülenistes” ont été “trouvés” lors d’une fouille dans le véhicule du directeur financier. Ces publications, dont il affirme qu’elles ont été placées dans sa voiture par les policiers, ne font l’objet d’aucune interdiction en Azerbaïdjan et des personnalités proches du pouvoir ont participé à leur rédaction.
L’Azerbaïdjan occupe la 163e place sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse établi par RSF en 2016. Un autre chroniqueur d’Azadlig, Seymour Khazi, est en prison depuis plus de deux ans sous des accusations montées de toutes pièces. Il a été nominé au Prix RSF-TV5 Monde pour la liberté de la presse 2016.