Viet Nam

Nom de domaine : .vn
Population :89 571 130
Internautes : 24 653 553
Prix moyen d’une heure de connexion dans un cybercafé : environ 2 euros pour les touristes. En général moins cher pour les nationaux.
Salaire mensuel moyen : environ 50 euros
Nombre de net-citoyens emprisonnés : 16 Les progrès réalisés par le Viet-nâm dans le domaine des droits de l'homme pour assurer son accession à l'Organisation mondiale du commerce, en 2007, ne sont plus qu'un lointain souvenir. A l'approche du Congrès du Parti communiste de 2011, le pouvoir fait taire les voix discordantes sur Internet, et en premier lieu celles qui critiquent la politique du pays envers la Chine. Popularité coupable Internet s'est beaucoup développé ces dix dernières années. La Toile connaît un grand succès parmi la jeunesse. Le réseau social Facebook comptait, en novembre 2009, un million d'utilisateurs, contre 50 000 seulement au début de 2009. Les cybercafés restent le principal point d'accès. Les gérants demandent rarement à leurs clients de présenter leurs papiers d'identité, mais ils sont tenus d'enregistrer le détail de leurs connexions. Des arrestations de clients consultant des sites interdits ont été signalées dans le passé. Le journalisme citoyen se développe. Des sites comme Vietnam Net et Vietnam News évoquent des sujets comme la corruption, les questions sociales et la situation politique. Les blogueurs se livrent à de véritables enquêtes de terrain qui ne pourraient être publiées dans les médias traditionnels. Grâce à Internet et à l'espace de discussion et d'échanges qu'il offre, une société civile virtuelle a vu le jour. Les militants démocrates y ont trouvé refuge. Ce qui effraie les autorités. Après avoir préparé le terrain en 2008, en se dotant d’outils légaux, le pouvoir s'est livré, en 2009, à une reprise en main d'Internet. En octobre 2008, le gouvernement a mis en place une nouvelle entité administrative, dépendante du ministère des Communications, l’Agence gouvernementale pour la Radio, la Télévision et les Informations Eléctroniques. Ce ministère a adopté un décret en décembre 2008 qui renforce le contrôle du gouvernement sur Internet. Les internautes qui diffusent des informations « hostiles » au gouvernement peuvent subir des sanctions. Depuis janvier 2009, de nouvelles mesures ont été mises en place pour réguler les blogs. Dans un document intitulé “Circulaire n°7”, les autorités ordonnent que les blogs ne fournissent que des informations strictement personnelles (art.1). Ainsi, il est interdit de diffuser des articles de presse, des œuvres littéraires ou d’autres publications interdites par la loi sur la presse (art 2). De plus, tous les six mois, ou sur demande des autorités, les hébergeurs doivent faire un rapport sur les activités de leurs clients contenant le nombre de blogs qu’ils gèrent et leurs statistiques ainsi que les données des blogs qui ont violé les règlements établis par l’hébergeur (art. 6). Le ministère de la Sécurité publique est également impliqué dans la surveillance de la Toile. Censure aggravée Alors que le pays prétend ne filtrer que du contenu à caractère obscène ou qui met en danger la sécurité nationale, la censure touche en réalité les sites de l’opposition ou ceux qui critiquent d’une manière ou d’une autre le régime. Un sujet de plus en plus tabou : les disputes territoriales entre le Viêt-nam et la Chine en mer de Chine. La censure se fait principalement par le blocage de noms de domaine et concerne d'abord les sites en vietnamien. Les différents fournisseurs d'accès l'appliquent de manière inégale. Les cyber-attaques se multiplient. Des hackers s'en sont pris, notamment en janvier 2010, à des sites qui ont repoussé les limites de la liberté d'expression sur Internet, bauxitevietnam.info et blogosin.org. D'un ton modéré, ils se sont montrés critiques envers la politique des autorités vis-à-vis de Pékin. Le site "Bauxite VietNam" a été créé en 2008 par trois intellectuels pour relayer une campagne contre le plan d'exploitation par une entreprise chinoise de mines de bauxite sur les Hauts-Plateaux, décidé par le gouvernement malgré l'avis défavorable des scientifiques et des défenseurs de l'environnement. Ce site s'est transformé en une sorte de forum libre pour s’exprimer sur des sujets sensibles comme la corruption, la démocratie ou les relations sino-vietnamiennes. Son directeur, le professeur Nguyen Hue Chi, a été convoqué plusieurs fois par la police. La pression s'accroît sur les responsables de journaux en ligne non autorisés comme To Quoc (La Patrie). L'enseignant Nguyen Thuong Long, rédacteur en chef adjoint de To Quoc, a été convoqué par la police en février 2010. Quant à Nguyen Thanh Giang, l'un des fondateurs, il a vu sa maison encerclée par la police. L’accès à Facebook est restreint depuis novembre 2009. Le blocage est récurrent mais pas permanent. Selon l’Associated Press, un technicien de Vietnam Data Corp. avait confirmé en novembre 2009 que le gouvernement avait ordonné aux fournisseurs d’accès de bloquer le réseau social. Certains ont appliqué cette directive, d'autres auraient été moins coopérants. Cette mesure est intervenue alors que Facebook a été utilisé par des groupes prodémocratiques pour dénoncer des arrestations de militants comme Nguyen Tien Trung. Le régime avait annoncé en 2008 sa volonté d’obliger les entreprises étrangères à collaborer, notamment les plateformes de blogs. Certains internautes qui craignent pour leurs données personnelles ont migré de Yahoo ! 360plus vers des plateformes comme WordPress, Blogspot et Multiply, après que l'entreprise américaine a décidé de déplacer ses serveurs de Singapour vers le Viêt-nam. Arrestations et condamnations à la chaîne Le Viêt-nam est la deuxième prison du monde pour les net-citoyens : dix-sept d'entre eux sont actuellement derrière les barreaux. Le pouvoir ne montre aucune tolérance envers les sites et net-citoyens considérés comme mettant en cause la stabilité du régime. La plupart sont poursuivis – et condamnés – pour « subversion » ou « tentative de renversement du régime du peuple ». Les articles 79 et 88 du code pénal sont utilisés. La dernière vague de répression a débuté en septembre 2009 avec l'arrestation de neuf dissidents à Hanoï et Hai Phong. Ils font les frais du « ménage interne » en cours en prévision du prochain Congrès du Parti communiste. Des peines de prison très sévères ont été prononcées contre des militants démocrates qui ont plaidé sur Internet pour le multi-partisme. Les autorités avancent la théorie du complot venu de l’étranger et invoquent l'effet déstabilisateur de la propagation des valeurs occidentales. Le célèbre avocat Le Cong Dinh a été condamné, le 20 janvier 2010, à cinq ans de prison ferme et les militants démocrates Nguyen Tien Trung, Le Thang Long et Tran Huynh Duy Thuc ont écopé respectivement de 7 ans, 5 ans et, la peine la plus lourde, 16 ans ferme en vertu de l’article 79 du code pénal vietnamien. A ces peines s’ajoutent trois ans d’assignation à résidence pour tous, excepté Tran Huynh Duy Thuc, qui est condamné à 5 ans. Les quatre militants ont été reconnus coupables d’avoir « mis en danger la sécurité nationale », en « organisant des campagnes en collusion avec des organisations réactionnaires basées à l’étranger », destinées à « renverser le régime du peuple avec l’aide d’Internet ». Huit blogueurs ont été condamnés à des peines de prison en octobre 2009. (lien) A l'issue d'un procès monté de toutes pièces, l’écrivain et militante des droits de l’homme Tran Khai Thanh Thuy a été condamnée à trois ans et demi de prison pour "coups et blessures" alors que c'est elle qui a été agressée. Ses écrits sur Internet étaient très populaires dans le pays et à l'étranger. Le journaliste et blogueur connu sous le nom de Dieu Cay, est toujours derrière les barreaux. Arrêté en 2008 quelques jours avant le passage de la flamme olympique à Hô Chi Minh-ville, il avait été condamné à deux ans et demi de prison en décembre 2008 pour « fraude fiscale ». D’après le témoignage de son fils, Dieu Cay était étroitement surveillé depuis sa participation, début 2008, à des manifestations à Hô Chi Minh-Ville pour protester contre la politique chinoise dans les archipels des Paracels et Spratleys. Ces arrestations et condamnations sont un encouragement à l'autocensure. La blogueuse Nguyen Ngoc Nhu Quynh, alias Me Nam, a été libérée en septembre 2009, mais sous la pression policière, elle a décidé de fermer son blog. Pressions internationales ? En décembre 2009, des pays donateurs occidentaux avaient mis en garde Hanoï contre les restrictions imposées à Internet, qui risquent de freiner le développement économique du pays. L’ambassadeur des Etats-Unis, le plus grand marché à l’export pour le Viêt-nam, a affirmé en février 2010 que ces condamnations de dissidents « affectaient les relations bilatérales ». Reporters sans frontières a fait appel à l'Union européenne, lui demandant de suspendre le dialogue sur les droits de l’homme avec le Viêt-nam tant que les net-citoyens et journalistes emprisonnés sont maintenus en captivité. Liens : http://english.vietnamnet.vn/ : quotidien officiel (anglais)
http://www.bkav.com.vn/ : site Internet du Centre Bach Khoa (vietnamien)
http://www.rfa.org/english/vietnamese : Radio Free Asia, section vietnamienne
http://www.intellasia.com : site d’informations sur l’économie vietnamienne (anglais)
Publié le
Updated on 20.01.2016