Une vingtaine de journalistes agressés par des policiers dans l'Etat du Gujarat

Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur de l'Etat du Gujarat, Gordhan Zadaphia, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé l'agression d'une vingtaine de journalistes par la police de l'Etat du Gujarat (ouest du pays). "Après avoir accusé les médias d'exagérer la vague de violences entre communautés qui agite l'Etat du Gujarat, les autorités de cet Etat ont choisi une manière d'agir plus que condamnable pour empêcher la presse de faire son travail", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L'organisation pour la défense de la liberté de la presse a demandé au ministre de donner les moyens à la commission d'enquête d'aller au bout de ses investigations et de s'assurer que les sanctions préconisées soient effectivement appliquées. Selon les informations recueillies par RSF, une vingtaine de journalistes et de collaborateurs des médias ont été attaqués, le 7 avril 2002, par les forces de police à Gandhi Ashram, un quartier d'Ahmedabad (Etat du Gujarat, ouest du pays). Les journalistes couvraient deux rassemblements pour la paix perturbés par des membres de la Gujarat Yuva Morcha, jeunesse du BJP (parti au pouvoir). Au début des incidents, le commissaire de police adjoint, V.M Parghi, a ordonné à Pranav Joshi, cameraman pour la chaîne de télévision privée NDTV, d'arrêter de filmer. Après avoir demandé les raisons de cette interdiction, le journaliste a reçu un coup à la tête et s'est écroulé au sol. Selon des témoins, la police a alors chargé les journalistes en les menaçant de leurs armes à feu. L'incident a pris fin une dizaine de minutes plus tard, après que Shivanand Jha, le commissaire supérieur qui n'avait pas bougé jusque-là, a ordonné à ses hommes de se retirer. Harsh Shah, Harshyal Pandya, respectivement photographe pour le quotidien Indian Express et journaliste pour la chaîne de télévision privée ETV, ainsi que Pranav Joshi, ont été gravement blessés durant l'agression. Pranav Joshi a été hospitalisé et placé sous soins médicaux intensifs. Un photographe du Times of India a été frappé aux côtes et brutalisé à coups de pied. Dhimant Purohit, correspondant pour la chaîne de télévision Aaj Tak, Sanjeev Singh, journaliste pour NDTV, Ashish Amin, journaliste indépendant, Amit Dave, photographe pour le quotidien Jansatta, Gautam Mehta et Ketan Trivedi, respectivement photographe et journaliste pour le quotidien Gujarat Sumanchar, sont au nombre des victimes. Une plainte a été peu après déposée par des journalistes à l'encontre du commissaire adjoint. Le ministère de l'Intérieur de l'Etat du Gujarat a rendu public dans la nuit du 7 avril un communiqué niant toute agression contre la presse. Un autre communiqué officiel a toutefois précisé quelques heures plus tard que le ministre avait ordonné la création d'une commission d'enquête, dirigée par un juge de la Haute Cour à la retraite. La commission est supposée rendre son rapport dans trois semaines. Le 8 avril, le gouvernement du Gujarat a annoncé la mutation des commissaires Shivanand Zha et V.M Pargi, ainsi que l'ouverture d'une enquête judiciaire. Au début du mois d'avril, Sonal Kellog, journaliste pour le quotidien The Asian Age, était agressée par la police du Gujarat alors qu'elle interviewait des femmes musulmanes victimes de violences de la part de cette dernière.
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Updated on 20.01.2016