Une sévère politique de répression à l’encontre des acteurs de l’information

Lire en arabe (بالعربية) Alors que le procès du militant des droits de l’homme Sayed Yousef Al-Muhafda, poursuivi pour “diffusion de fausses informations, s’ouvre demain, 29 janvier 2013, Reporters sans frontières exprime sa plus vive inquiétude pour le sort du photographe Ahmed Humaidan, toujours incarcéré depuis son arrestation le 29 décembre 2012. “Reporters sans frontières tire la sonnette d’alarme après plusieurs arrestations de journalistes et défenseurs des droits de l’homme au Bahreïn. Nous dénonçons la sévère politique de répression mise en oeuvre par les autorités depuis bientôt deux ans. Le pouvoir affiche une volonté évidente d’empêcher le travail des journalistes et la circulation de l’information sur les manifestations et leur répression par les forces de sécurité”, s’inquiète l’organisation. Sayed Yousef Al-Muhafda, arrêté le 17 décembre 2012, a été remis en liberté le 17 janvier 2013. Les charges qui pèsent à son encontre n’ont toutefois pas été levées. Le vice-président et responsable du département de documentation du Bahrain Center for Human Rights reste poursuivi pour “diffusion de fausses informations” sur Twitter dans le but “d’inciter à la violence”. Les autorités bahreïnies lui reprochent notamment d’avoir republié, le 17 décembre, une photo, prise le 14 décembre 2012, d’un jeune manifestant blessé accompagnée du Tweet suivant: “#Bahrain i can confirm one shoutgun injury now in #Manama.” Dans une lettre adressée au procureur général de Manama, Human Rights Watch explique que le 14 décembre, vers 21h15, les forces de sécurité ont fait usage de la force pour disperser un groupe d’une trentaine de manifestants dans le quartier d’Al-Makharqa à Manama. Au cours de cette manifestation, un manifestant a été blessé à la jambe; une photo de cette jambe blessée a été postée sur plusieurs forums en ligne. Le 17 décembre, la même photo a été publiée sur Bahrain Online, avec en légende “picture of the injury of one of the youth in Manama with shot gun.” Cette photo avait dans un premier temps été postée le 14 décembre par Sayed Yousef Al-Muhafda sur son compte Twitter. Elle a de nouveau été postée le 17 décembre sur ce même compte, alors que le défenseur des droits de l’homme assistait à une manifestation au cours de laquelle les forces de sécurité n’ont pas ouvert le feu. Reporters sans frontières demande la requalification des charges qui pèsent à l’encontre de Sayed Yousif Al-Muhafda, abandonnant le caractère délibéré d’incitation à la violence. Ces accusations visent à sanctionner sévèrement l’engagement de ce défenseur des droits de l’homme en faveur de la circulation de l’information sur les exactions commises au Bahreïn. Par ailleurs, voilà un mois que le photographe de renom Ahmed Humaidan, dont le travail a jusqu’ici été récompensé par 143 prix internationaux, croupit dans les geôles bahreïnies. Le 29 décembre 2012, après des mois de harcèlement continu par les forces de l’ordre, Ahmed Humaidan, 25 ans, a été emmené de force par une quinzaine d’officiers en civil dans un centre de détention où, menotté et les yeux bandés, il a subi pendant deux jours un interrogatoire, avant d’être placé en isolement complet les cinq jours suivants. A sa famille qui n’a pu lui rendre visite en détention que le 6 janvier 2013, il a déclaré avoir été victime de tortures psychologiques et de menaces de mort. Officiellement poursuivi pour avoir attaqué le commissariat de police de Sitra le 8 avril 2012, alors qu’il était sur les lieux pour y prendre des photos des exactions commises par les forces de l’ordre, son procès, initialement prévu le 15 janvier dernier, devrait s’ouvrir le 12 février 2013. Reporters sans frontières exprime son soutien à Ahmed Humaidan et demande sa libération immédiate et l’abandon des charges qui pèsent à son encontre. Le 18 janvier dernier, une trentaine d’organisations internationales de défense des droits de l’homme, parmi lesquelles Reporters sans frontières, ont adressé un courrier à Barack Obama lui demandant d’intervenir pour demander la libération des militants des droits de l’homme et activistes actuellement détenus.
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Updated on 20.01.2016