Une réunion sur Internet au pays des violations de la liberté d’expression sur la Toile

Le Forum sur la gouvernance d’Internet se tiendra à Sharm El-Sheikh du 15 au 18 novembre 2009. Il accueillera des représentants d’Etats, d’organisations internationales, d’universités et de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) pour s’entretenir de l’avenir d’Internet. Des décisions importantes concernant la gestion du réseau y seront prises ou annoncées. Il est donc choquant, pour le moins inquiétant et surprenant, que l’Egypte en soit l’hôte. "L’Egypte s’est trop souvent fait remarquer par ses nombreuses violations de la liberté d’expression sur Internet. Sa légitimité à accueillir une telle réunion est contestable. Il est étonnant qu’un Etat ouvertement hostile envers les internautes critiques reçoive une réunion internationale sur l’avenir même de la Toile. L’Egypte fait partie des ennemis d’Internet, et si la gouvernance d’Internet appelle une certaine réglementation, c’est dans un sens libéral et non pas celui que voudrait lui donner l’Etat égyptien", a déclaré Reporters sans frontières. Quatre exemples récents illustrent la censure exercée sur l’Internet égyptien : Dans la nuit du 3 au 4 novembre, deux jeunes blogueurs Mohamed Adel (20 ans) et Amr Osama (19 ans), et leur avocat, Amr Ezz, ont été arrêtés en plein centre du Caire, amenés au poste de police El-Azbakeya et frappés par des policiers. Ils ont été relâchés le lendemain matin. Ils étaient accusés de "diffusion de fausses nouvelles et de rumeurs propres à déranger l’ordre et la paix publics". Mohamed Adel avait déjà été arrêté en novembre 2008 pour son blog, puis détenu pendant 3 mois et torturé. L’enquête contre un officier de police, Ashraf Aglan, et son frère, Ahmed Aglan, ayant agressé physiquement le blogueur Wael Abbas (voir son blog http://misrdigital.blogspirit.com/) début avril 2009, a été abandonnée fin octobre. Selon le procureur, le manque de preuves est la raison invoquée pour cet abandon. Pourtant, trois rapports médicaux prouvent les blessures de Wael Abbas. Le 4 novembre 2009, l’avocat Ayman Nour, défenseur de la liberté d’expression, a été interdit de quitter le territoire, sans qu’aucun motif lui soit donné. Il devait se rendre aux Etats-Unis. Quant au blogueur Kareem Amer, détenu depuis trois ans (depuis le 6 novembre 2006), Reporters sans frontières a demandé au président Hosni Mubarak sa libération, mais il n’a pas répondu. Ce geste aurait démontré un mouvement en faveur de la liberté d’expression à l’aune de cette réunion sur Internet. Voir et signer la pétition pour sa libération : http://www.rsf.org/fr-petition21985-Kareem_Amer.html L’Egypte est située à 143e place dans le dernier classement mondial établi par l’organisation.
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Updated on 20.01.2016