Une radio privée fermée par les autorités après avoir donné la parole à d'anciens rebelles

La radio privée Nomade FM est suspendue depuis le 11 février. Elle est accusée "d'incitation à la rébellion" après avoir convié deux ex-rebelles à participer à un débat. Reporters sans frontières demande aux autorités de permettre à la station d'émettre à nouveau.

Le président de la République, Mamadou Tandja, a ordonné la fermeture, le 11 février 2003, de la radio privée Nomade FM, qui émet dans la région d'Agadez ( 1000 km au nord-est de Niamey). "Cette mesure est une véritable entrave à la liberté de la presse et au développement d'une expression indépendante et pluraliste dans la région", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation demande aux autorités de lever l'interdiction qui pèse sur la radio Nomade FM et de permettre à ses journalistes d'exercer librement leur métier. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, les autorités accusent la radio "d'incitation à la rébellion". Le directeur de la station, Serge Hilbron, a expliqué que la police départementale d'Agadez était venue demander la suspension de Nomade FM, en brandissant un télégramme signé du ministre de l'Intérieur. Selon le directeur, le ministre aurait agi sur instruction de la présidence de la République. Dans une émission intitulée "L'invité de l'Aïr", diffusée en langue locale le 5 février 2003, Ismaghil Iltinine, journaliste et directeur des programmes de Nomade FM, avait organisé un débat dont le thème était "Paix, sécurité et développement dans la région du Nord". Deux anciens rebelles invités à participer au débat, avaient affiché leur mécontentement face à l'incapacité du gouvernement à faire appliquer les accords de paix qui préconisaient notamment la réinsertion des ex-rebelles. Reporters sans frontières rappelle également que Abdoulaye Tiémogo, directeur de publication du journal Le Canard déchaîné, devrait être libéré le 20 février après avoir purgé une peine de huit mois de prison. Le 18 juin 2002, le Premier ministre, Hama Amadou, avait porté plainte contre le journaliste, après s'être senti "diffamé et injurié" par trois articles très critiques publiés dans l'heddomadaire. Abdoulaye Tiémogo accusait notamment Hama Amadou de chercher à corrompre le président de l'Assemblée nationale pour conserver son fauteuil de Premier ministre.
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Updated on 20.01.2016