Une première au Bélarus : un journaliste condamné pour avoir annoncé une manifestation

Reporters sans frontières (RSF) appelle la justice bélarusse à revenir sur la condamnation d’un journaliste qui aurait fait état d’une manifestation non-autorisée.

Le rédacteur en chef du journal Borissovskie Novosti, Anatol Bukas, a été condamné le 1er décembre 2017 à une amende de 345 roubles bélarusses (environ 145€) à Baryssaw, dans le centre du pays, pour avoir annoncé une manifestation non autorisée. Une première au Bélarus.


“Ce dangereux précédent remet en cause le droit des journalistes à couvrir les manifestations, déplore Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. Ces dernières années, plusieurs résolutions des Nations unies ont appelé les États à lever les restrictions indues pesant sur la couverture des rassemblements pacifiques. Nous demandons aux autorités bélarusses d’acquitter Anatol Bukas en appel et de mettre en conformité la loi sur les rassemblements de masse avec le droit international.”


Dans un article du 4 octobre, Borissovskie Novosti évoquait une manifestation d’opposition prévue pour le 21 octobre à Minsk. La justice reproche au journal d’avoir violé la loi sur les rassemblements de masse, qui interdit d’en donner la date et l’heure s’ils n’ont pas été autorisés. Anatol Bukas, qui conteste les charges, a annoncé son intention de faire appel.


Cette disposition n’avait encore jamais été appliquée à un média, aussi les journalistes bélarusses y voient-ils un dangereux précédent. “Le but des autorités est de forcer les médias à arrêter d’écrire sur les manifestations non autorisées”, a déclaré à RSF le rédacteur en chef de l’agence BelaPAN, Ales Lipay.


Le début de l’année 2017 a été marqué par d’importantes manifestations contre un nouvel impôt “sur le parasitisme social”, appliqué à ceux qui travaillent moins de six mois par an. La répression a été violente : au cours du seul mois de mars, 94 journalistes ont été interpellés et six passés à tabac par la police alors qu’ils couvraient les rassemblements. L’application de la mesure a été temporairement suspendue, mais l'idée de cette taxe n’est pas pour autant abandonnée et continue de susciter des manifestations ponctuelles.


Le Bélarus occupe la 153e place sur 180 au Classement mondial 2017 de la liberté de la presse publié par RSF.


Retrouver les recommandations de RSF sur la protection des journalistes couvrant les manifestations.

Publié le
Updated on 08.12.2017