Une nouvelle journée de violences contre la presse en marge des manifestations sociales

« De manifestation en manifestation, les violentes agressions de journalistes par les forces de l’ordre s’installent comme un élément incontournable de la crise sociale grecque, s’indigne Reporters sans frontières. Les incidents d’hier montrent malheureusement que la situation ne s’est en rien améliorée depuis notre cri d’alarme. Faudra-t-il qu’il y ait des morts pour que les autorités se décident enfin à mettre un terme à l’impunité généralisée des auteurs de ces attaques violentes et souvent délibérées ? » Bien qu’ils se soient clairement identifiés, plusieurs professionnels des médias ont été pris à partie par des officiers de police, en marge des manifestations contre l’austérité le 5 octobre 2011 à Athènes. Une photographe de l’AFP souhaitant rester anonyme, a eu une dent cassée par des coups de bouclier anti-émeute délibérément portés à son visage. Une photographe grecque, Tatiana Bolari, a raconté à la chaîne de télévision grecque Mega qu'elle avait été violemment frappée à coups de poing au visage et insultée. Pascualino Serinelli, photographe freelance collaborant avec plusieurs médias italiens et espagnols, a été frappé aux jambes à coups de matraque. Il a en outre été visé par des tirs de gaz lacrymogène à bout portant, alors qu’on lui arrachait son appareil photo. Un cameraman de l’agence Capa, Jérôme Wesselver, a vu sa caméra endommagée par des coups de boucliers anti-émeute. Plusieurs autres journalistes et photographes ont fait état de coups délibérés de matraque et de bouclier. Le 7 octobre 2011 doit s’ouvrir le procès intenté contre l’Etat par Manolis Kypraios, photographe devenu totalement sourd après avoir été victime d'un tir de grenade assourdissante dans un passage fermé, le 15 juin 2011. Il avait pourtant clairement décliné son identité et montré sa carte de presse à l'officier qui l'a visé. Rendu handicapé à vie, Manolis Kypraios ne peut plus exercer son métier et se retrouve privé de ressources. Reporters sans frontières espère que cette procédure inédite incitera les autorités à prendre enfin la mesure de ce phénomène et à lutter de façon déterminée contre l’impunité des auteurs de violences. L'organisation a rendu public, le 14 septembre 2011, un rapport d'enquête sur la détérioration de la situation de la liberté de la presse en Grèce. (Photo: Pascualino Serinelli)
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Updated on 20.01.2016