Une net-citoyenne tuée au Tamaulipas

La net-citoyenne María del Rosario Fuentes Rubio a été enlevée par des hommes armés le 15 octobre 2014 dans l’État du Tamaulipas, dans le nord-est du pays. Le lendemain, une photographie du corps de la jeune femme était publiée par ses ravisseurs sur son compte Twitter. María del Rosario Fuentes Rubio a été enlevée par des hommes armés le 15 octobre au matin alors qu’elle sortait de la clinique Tierra Santa, à Reynosa, où elle travaillait en tant que médecin. Le lendemain, ses ravisseurs ont publié une photographie de son corps sur son compte Twitter, suivie de plusieurs messages menaçants, tels que “Fermez vos comptes, ne risquez pas la vie de votre famille comme je l’ai fait, je vous demande pardon”. Depuis plusieurs mois, María del Rosario Fuentes Rubio collaborait, sous le pseudonyme Felina, à travers le compte Twitter @Miut3, avec le portail d’information citoyenne Valor de Tamaulipas, spécialisé sur la violence et les activités du crime organisé dans l’État de Tamaulipas. La famille de María del Rosario Fuentes Rubio a quitté le pays le 16 octobre dernier, après avoir porté plainte. “Reporters sans frontières est choquée par l’assassinat de María del Rosario Fuentes Rubio et exhorte les autorités à mener une enquête approfondie afin d’identifier les responsables le plus rapidement possible, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction des programmes de l’organisation. Les campagnes de terreur menées par le crime organisé contre les net-citoyens ne sont malheureusement pas un fait nouveau au Mexique. La lutte contre l’impunité est la seule façon de garantir la sécurité des citoyens qui prennent des risques pour informer sur la violence dont souffre le pays”. En février 2013, le crime organisé avait fait circuler dans la région des tracts annonçant une récompense de 45 000 dollars à tous ceux qui avaient des informations sur l’identité de l’administrateur du portail Valor por Tamaulipas. Face à l’autocensure de certains médias traditionnels, de crainte de représailles, les net-citoyens mexicains se mobilisent de plus en plus sur des portails et des réseaux sociaux, comme Valor por Tamaulipas, pour informer la société sur des cas de violence commis dans le pays. En 2011, quatre net-citoyens ont été assassinés dans l’État de Tamaulipas pour avoir dénoncé les activités des narcotrafiquants. L’assassinat revendiqué de María Elizabeth Macias, blogueuse influente retrouvée décapitée le 24 septembre 2011 à Nuevo Laredo, est malheureusement représentatif du climat tendu à l’extrême dans les régions gangrénées par le narcotrafic. Plus récemment, le blogueur connu sur Twitter comme @MrCruzStar , l’un des utilisateurs majeurs du réseau #Reynosafollow qui diffuse très régulièrement des informations relatives au crime organisé, a dénoncé le 21 juillet 2014 une campagne de diffamation et des menaces à son encontre sur les réseaux sociaux. Le Mexique, 152e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014, est l’un des pays les plus meurtriers pour la profession.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016