Une journaliste entendue pour un article sur l'armée

RSF est préoccupée par l'audition par l'audition d'un journaliste du quotidien EL Watan par la police judiciare en raison d'un aticle évoquant l'armée.

Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, Reporters sans frontières (RSF) s'est inquiétée de l'audition par la police judiciaire de Salima Tlemçani, journaliste du quotidien El Watan, pour un article concernant l'armée. "C'est la deuxième fois en une semaine qu'un journaliste est entendu par la police. Nous craignons que ce ne soit le début d'une longue série de procès et ce, à quelques mois des élections législatives", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Selon les informations recueillies par RSF, la journaliste Salima Tlemçani, du quotidien francophone El Watan, a été entendue par la police judiciaire le 28 janvier 2002, sur plainte pour "diffamation" du ministère de la Défense. Cette audition intervient après la parution d'un article, le 11 décembre 2001, sur des nominations au Département du renseignement et de la sécurité (DRS, ex-Sécurité militaire). "Cela renforce mon idée que quelque part, avec mes enquêtes, j'ai touché des intérêts beaucoup plus lourds que les personnages que j'ai cités dans l'article du 11 décembre", a déclaré la journaliste à l'AFP. Déjà le 25 janvier, le caricaturiste Ali Dilem avait été entendu par la police judiciaire pour un dessin brocardant les militaires, publié dans le quotidien francophone Liberté. Cette audition était intervenue après que le ministère de la Défense avait porté plainte auprès du procureur de la République du tribunal d'Alger pour ce dessin, publié le 29 novembre 2001, jugé "diffamatoire et attentatoire à la considération de hauts responsables de la hiérarchie militaire". Selon Me Khaled Bourayou, l'avocat de Ali Dilem, "le motif est évidemment d'intimider Dilem, de le soumettre à un harcèlement". "Je suis convaincu que je suis sur le bon chemin parce que je dis ce que 30 millions d'Algériens pensent. S'ils veulent m'arrêter, ils devront emprisonner 30 millions de personnes", avait déclaré Ali Dilem à l'agence de presse Reuters. En mai 2001, le parlement algérien avait modifié le code pénal et durci les peines et amendes pour diffamation par voie de presse. Reporters sans frontières, qui avait alors condamné ces amendements, avait estimé que ce texte ne pouvait qu'augmenter l'autocensure au sein des rédactions algériennes. Quelques mois auparavant, Mohammed Lamari, le chef d'état-major des armées, avait déclaré : "Vous avez vu et vous aurez encore à constater à travers des écrits éhontés, des caricatures et autres, des outrances et des insanités à l'égard de votre armée. L'obligation de réserve qui est la nôtre jusqu'ici ne peut nous empêcher de regretter l'usage méprisable qui est fait des libertés chèrement acquises par notre peuple."
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Mise à jour le 20.01.2016