Une journaliste détenue depuis dix jours, accusée de “terrorisme”

Reporters sans frontières condamne la détention arbitraire de la journaliste indépendante Juliet Michelena Díaz, arrêtée le 7 avril 2014 au cours d’une intervention musclée des forces de la police révolutionnaire cubaine. Son arrestation est survenue trois jours avant la publication d’un article sur la plateforme indépendante d’information en ligne installée à Miami Cubanet, signé de sa main, relatant un épisode de violence policière ordinaire dont elle avait été le témoin à la Havane. La journaliste appartient au Réseau cubain de communication communautaire (Red Cubana de Comunicadores Comunitarios), collectif de défense de la liberté de l’information dont les réunions, régulièrement réprimées, se soldent par des détentions multiples mais habituellement temporaires. Les chefs d’accusation pesant sur Juliet Michelena Díaz ont changé au cours de sa semaine de détention. D’abord accusée de “menaces contre une voisine”, elle est désormais sous le coup d’une plainte pour “terrorisme”. Malgré l’absence de preuves contre la journaliste, cette dernière charge empêche une libération rapide souvent observée dans les nombreux cas de détentions arbitraires sur l’île. “Nous demandons à ce que Juliet Michelana Díaz soit libérée au plus vite et que toutes les charges retenues contre elles soient abandonnées. L'aggravation du chef d’accusation met en évidence le désir de faire taire la journaliste et de censurer toute critique. La violence policière est pourtant loin d’être un sujet anodin pour les citoyens cubains”, déclare Lucie Morillon, directrice de la recherche de Reporters sans frontières. Les professionnels de l’information à Cuba sont victimes d’un harcèlement judiciaire constant. Les détentions arbitraires ont pour objectif de déstabiliser les journalistes et de ralentir leurs échanges d’informations. Juliet Michelena Díaz avait déjà été arrêtée le 26 mars 2014 et relâchée au bout de quelques heures. Le 12 avril dernier, la journaliste indépendante Dania Virgen García a été agressée par des agents de police alors qu’elle déposait son neveu à l’école. Deux journalistes de la télévision officielle ont commencé à filmer l’attaque et ont aussitôt été arrêtées. Les trois femmes ont été relâchées dans la soirée. Dans une lettre adressée au ministre français des Affaires étrangères à l’occasion de son déplacement à La Havane le 10 avril 2014, Reporters sans frontières demandait à ce que soit abordé le thème des arrestations de journalistes. Le réchauffement des relations économiques entre Cuba et les pays de l’Union européenne ne doit pas se faire aux dépens des journalistes. En sus de l’arrestation de Juliet Michelena Díaz, Cuba compte trois journalistes et blogueurs incarcérés à ce jour: Yoenni de Jesus Guerra García, détenu depuis octobre 2013 et condamné à sept ans en mars dernier, Ángel Santiesteban-Prats, en prison depuis maintenant plus d’un an et le journaliste du quotidien officiel Granma José Antonio Torres, condamné à 14 ans d’incarcération en juillet 2012. Figurant à la 170ème place sur 180 pays, Cuba est le dernier pays des Amériques dans l’édition 2014 du classement mondial de la liberté de la presse élaboré par Reporters sans frontières. Logo : Juliet Mechelena Díaz et son mari José Antonio Sieres Ramallo, 2013, Payolibre.
Slideshow : reportage de Juliet Mechelena Díaz, Martí Noticias.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016