Une émission de radio supprimée sous la pression du président de la Chambre des députés de la province de Buenos Aires

Reporters sans frontières s'alarme de la suppression, le 4 octobre 2006, de l'émission politique « Recorriendo el Espinel », diffusée par la station de radio LT24 à San Nicolás (province de Buenos Aires) et présentée par la journaliste Verónica Lassalle. Cette mesure intervient après la menace du président de la Chambre des députés de la province, Ismael Passaglia, de ne plus accorder de publicité officielle à la station. C'est la cinquième fois qu'une émission est retirée de l'antenne sous la pression politique depuis le début de l'année. “La suppression de l'émission présentée par Verónica Lassalle constitue une atteinte grave à la liberté de la presse, d'autant plus inquiétante qu'elle n'est pas la première dans son genre. La multiplication des censures d'émissions sous la pression d'élus locaux, qui n'ont ni compétence ni légitimité pour intervenir sur une ligne éditoriale, traduit une véritable tentative de sujétion des médias audiovisuels. Nous demandons aux autorités fédérales d'intervenir afin de faire respecter le droit constitutionnel à la liberté d'expression et d'information, et à la justice de réparer le préjudice subi par la station”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 4 octobre, la présentatrice Verónica Lassalle s'est vu notifier par le directeur de LT24, Aldo Ramini, que son émission, « Recorriendo el Espinel », allait être retirée de la grille des programmes. Le directeur de la station a fait comprendre à la journaliste que le ton de son émission « indisposait », et que son maintien à l'antenne ferait perdre 3 600 euros de publicité officielle à LT24. Depuis trois mois, le président de la Chambre des députés de la province de Buenos Aires exerçait un chantage sur la station en menaçant de ne pas lui accorder la somme si Verónica Lassalle ne se taisait pas. « Depuis un an, Passaglia nous complique le travail et pratique la rétention d'information à notre détriment. Il nous harcèle parce que nous critiquons la gestion du gouvernement, ce que nous faisons tous de la même manière », a expliqué à Reporters sans frontières la journaliste qui regrette de n'avoir même pas pu justifier l'arrêt de son émission devant ses auditeurs. Verónica Lassalle a remercié ces derniers sur son blog, El Informante. Elle dit avoir reçu d'autres propositions de travail mais constate qu'aucun homme politique n'a exprimé de solidarité à son égard.
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Mise à jour le 20.01.2016