Une condamnation pour “injure” annulée par la Cour suprême : “A quand la dépénalisation ?”

Reporters sans frontières accueille avec satisfaction l’annulation par la Cour suprême de Justice, le 16 juillet 2013, de la peine exorbitante pour “injure” infligée un an et demi plus tôt à Luis Agustín González, directeur du journal régional Cundinamarca Democrática. L’organisation espère que cette décision sera le prélude à une dépénalisation totale des délits de presse. En février 2012, le Tribunal supérieur de la province de Cundinamarca avait condamné le journaliste à dix-huit mois de prison et 9 millions et demi de pesos (environ 5 450 dollars), à la suite d’un éditorial publié en 2008, très critique envers l’ancienne gouverneure Leonor Serrano de Camargo, fustigeant son “arrogance” et son “despotisme” présumés. "La décision de la Cour suprême constitue certes une victoire pour la liberté éditoriale. La juridiction a, en effet, considéré que l’article de Luis Agustín González contribuait au débat politique, souligne Reporters sans frontières. Il s’agit toutefois d’une victoire en demi-teinte, puisque la Cour a rappelé que la liberté d’opinion n’était pas absolue et que les journalistes pouvaient toujours être condamnés pénalement pour diffamation, comme le prévoit la loi." "Cette affaire rappelle l’urgence de dépénaliser les délits de ‘diffamation’, d’‘injure’ ou de ‘calomnie’. En Amérique du Sud, seuls l’Argentine et l’Uruguay ont franchi le pas à ce jour. Outre le fait qu’elles ne sauraient réparer aucun préjudice, les peines de prison infligées à des journalistes, des blogueurs et autres acteurs de l’information dans ce type d’affaires constituent des primes dangereuses à la censure ou à l’autocensure", rappelle l’organisation. Photo : Colprensa
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Updated on 20.01.2016