Un site dénonçant la corruption contraint de s'héberger à l'étranger

Les responsables de Corruptionwatch.net ont reçu, le 27 janvier 2006, un courrier de leur hébergeur, Thai Dream, les avertissant que leur site serait fermé le 1er février en raison de "problèmes techniques". Ils dénoncent un "climat de peur" parmi les sociétés d'hébergement thaïlandaises, qui les force aujourd'hui à rechercher un hébergeur à l'étranger. Reporters sans frontières s'inquiète d'une nette dégradation de la liberté d'expression en ligne en Thaïlande. L'organisation rappelle qu'un autre site, manager.co.th, lié à la télévision diffusée par satellite ASTV, aurait été menacé de fermeture quelques jours auparavant. "Le fait que des publications critiques des autorités soient contraintes de quitter le pays est le signe que des pressions politiques sont exercées sur les entreprises d'hébergement. Nous demandons au gouvernement de s'assurer que toutes les voix puissent s'exprimer sur le Net thaïlandais", a déclaré Reporters sans frontières. L'un des responsables de Corruption Watch, Dr Along Korn Ponlaboot, a déclaré être convaincu que Thai Dream a mis un terme à leur contrat d'hébergement pour des raisons politiques. "Le gouvernement devrait protéger la liberté d'expression, et non faire régner un climat de peur parmi les prestataires de services Internet. C'est une honte pour un Etat qui se dit démocratique", a-t-il ajouté. En attendant de fermer le site définitivement, Thai Dream avait accepté de le laisser provisoirement accessible à une autre adresse IP. Corruptionwatch.net était toutefois inaccessible le 2 février. Le comité de direction de Corruption Watch s'est réuni le 1er février et a décidé de faire migrer sa publication vers un hébergeur américain à partir du 3 février. Le site a été lancé le 9 janvier 2006. Il affiche comme objectif de dénoncer les affaires de corruption publique, ou impliquant les proches du Premier ministre Thaksin Shinawatra. Les responsables de Manager.co.th affirment être l'objet d'un ordre de fermeture émanant de l'Autorité des communications de Thaïlande (CAT). Leur hébergeur, Internet Solution & Service Provider Co, n'a toutefois pas exécuté cet ordre et le site est toujours accessible. Il existe un flou juridique autour des procédures pouvant mener à la fermeture d'un site Internet. Tous les hébergeurs thaïlandais exercent toutefois leur activité sous la supervision de la CAT, organisme lui-même contrôlé par le gouvernement. La Thaïlande avait été placée, en novembre 2005, sur la liste des pays "à surveiller" par le bureau Internet et libertés de Reporters sans frontières. Lien : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=15611 ------------- Créer votre blog avec Reporters sans frontières : www.rsfblog.org
Publié le
Updated on 20.01.2016