Un quatrième journaliste assassiné depuis le retrait des forces armées américaines

Reporters sans frontières condamne fermement l’assassinat, à Mossoul le 21 novembre 2010, de Mazen Mardan Al-Baghdadi, journaliste pour la chaîne satellitaire locale Al-Mousiliya. L’organisation demande l’ouverture d’une enquête afin que les auteurs et les commanditaires de cet assassinat soient arrêtés et traduits en justice. Il serait déplorable que l’impunité s’installe dans cette affaire, comme cela a malheureusement été le cas dans 99% des 230 cas de professionnels des médias tués depuis le début de l’intervention américaine en mars 2003. Sans procès exemplaire d’assassins de journalistes, les tueurs pourront continuer à semer la mort et la terreur aux quatre coins du pays. Le gouvernement irakien est confronté à un défi de taille : assurer la sécurité des citoyens, notamment les journalistes, particulièrement exposés aux violences qui secouent l’Irak depuis 2003. Le 21 novembre vers 18 heures (heure locale), trois inconnus armés se sont rendus au domicile familial du journaliste, situé dans le quartier As-Sadiq, à l’est de Mossoul, et se sont présentés comme des agents de renseignements de l’armée irakienne. « Ils ont dit qu’ils voulaient voir Mazen, absolument. Je suis rentré à la maison et j’ai appelé Mazen. Il avait à peine franchi le seuil de la maison, qu’ils ont ouvert le feu avec un pistolet », a déclaré le père du journaliste à l’ONG irakienne, Association de défense de la liberté de la presse. Le journaliste, atteint d’une balle dans la tête, est mort sur le coup. Les assassins ont pris la fuite. Mazen Mardan Al-Baghdadi, 18 ans, travaillait pour la chaîne privée Al-Mousiliya depuis sept mois seulement. Il présentait notamment les émissions « Mossoul fi-l Ousbou’ » (« Une semaine à Mossoul ») et « Sabah al-Kheir » (« Bonjour ») Mazen Mardan Al-Baghdadi est le sixième journaliste assassiné en Irak depuis le début de l’année 2010, et le quatrième depuis le retrait des forces américaines, fin août 2010. Il est également le deuxième journaliste de la chaîne satellitaire privée Al-Mousiliya, créée en avril 2005 et émettant dans la province de Ninawa, au nord de Bagdad, à trouver la mort cette année. Le cameraman Tahrir Kadhem Jawad, employé par la chaîne américaine en langue arabe Al-Hurra, avait été tué, le 4 octobre dernier, dans l’explosion d’une charge placée sous sa voiture, près de Jasr Al-Korma à l’est de Fallouja, alors qu’il se rendait à son travail. Le 8 septembre 2010, Safaa Al-Dine Abdul Hamid, présentateur de l’émission « Nos mosquées » sur la chaîne satellitaire Al-Mousiliya, avait été assassiné devant son domicile de Mossoul alors qu’il s’apprêtait à se rendre au travail. La veille, Riyad As-Saraï, journaliste pour la chaîne Al-Iraqiya, avait été la cible d’inconnus alors qu’il sortait de son domicile de Bagdad.
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Mise à jour le 20.01.2016