Un projet de loi renforçant la censure concernerait aussi les médias étrangers

Certains journaux chinois ont exprimé leur inquiétude face à un nouveau texte de loi qui prévoit des amendes de 5000 à 10 000 euros pour punir la diffusion sans autorisation d'informations sur des accidents ou des épidémies. Reporters sans frontières qualifie ces dispositions de nouveaux instruments de censure.

Les autorités chinoises ont tenu à réagir aux critiques croissantes exprimées dans la presse locale concernant le projet de loi imposant des amendes aux médias qui publieraient des informations sans autorisation lors de situations de crises. Lors d'une conférence de presse, le vice-ministre du Bureau des Affaires Législatives du Conseil d'Etat, Wang Yongqing a nié toute tentative de censurer les médias par cette loi. Il a rappelé que celle-ci ne s'appliquait qu'aux informations ayant de graves conséquences sociales, sans pour autant spécifier ce qu'il entendait par de « graves conséquences ». Il a également affirmé que cette loi pourrait s'appliquer aux organismes de presse étrangers. Marie-Anne Toy, correspondante en Chine du quotidien australien The Age, voit dans cet élargissement du projet de loi une manière pour Pékin de censurer la presse hongkongaise. Celle-ci bénéficie encore d'une certaine liberté et a, par le passé, rapporté de nombreux événements que le régime chinois voulait cacher. ----------------------- Les médias critiquent à demi-mot un projet de loi qui renforce la censure 29.06.06 Alors que le Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire (ANP) examine un projet de loi sur la gestion des situations de crises, qui vise notamment à renforcer la censure, plusieurs journaux ont exprimé leur inquiétude. Zhang Ping, dans un éditorial publié par le Nanfang Dushi Bao (Les nouvelles de la métropole du Sud), a écrit que « dans le cas d'un accident minier, les autorités pourraient décider qu'il s'agit d'une affaire que la presse ne devrait pas couvrir. (...) Cela implique que la diffusion de l'information est exclusivement dans les mains du gouvernement local ». Il a ajouté que « la mission de surveillance qu'ont les médias devrait être respectée dans cette loi », mais que « le projet dans sa forme actuelle fait exactement le contraire et représente sans doute un pas en arrière ». Un autre journal, le Xin Kuaibao (Le nouvel Express), dénonce le fait que la loi ne prenne pas en considération le fait « qu'il n'y a aucune façon de vérifier si l'information qui émane des autorités est fidèle et exacte. Le texte va empêcher de savoir si derrière des“désastres naturels” se cachent des “catastrophes provoquées par les hommes”. (...) Dans ce cas, la loi deviendrait l'instrument de fonctionnaires corrompus pour cacher leur malhonnêteté ». Le magazine économique Caijing a interviewé des experts et des membres de l'ANP. Yu An, professeur de l'université de Tsinghua et membre du comité qui a rédigé le texte, a déclaré que la disposition sur les médias n'était pas dans le projet quand le groupe s'était réuni au début et qu'il ne savait pas comment elle avait été ajoutée. Zhang Qianfan, qui enseigne le droit à l'université de Pékin, pense que la disposition est « inappropriée » car la couverture par les médias n'a presque jamais d'effet négatif. Plus d'informations sur les articles : China Media Project
Non-violence Resistance ----------------------- Un projet de loi renforce la censure en situation de crise 26.06.2006 Reporters sans frontières dénonce les dispositions, concernant les médias, du projet de loi pour la gestion des situations de crises examiné le 24 juin 2006 par le Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire. Le texte vise notamment à renforcer la censure sur les accidents industriels, les catastrophes naturelles ou sanitaires et les mouvements sociaux. Il impose des amendes allant de 50 000 à 100 000 yuans (5000 à 10 000 euros) aux médias qui publieraient, sans autorisation, des informations sur ces sujets. “Adopter une loi sur les situations de crises n'est pas une mauvaise chose en soi, mais en faire un instrument de censure est inacceptable. Le gouvernement considère les médias comme des ennemis dans la lutte contre les épidémies, les accidents et les catastrophes naturelles. Si, lors de la crise du SRAS en 2003, les médias avaient été libres, des vies auraient, sans doute, été sauvées. Ce texte replonge les journalistes chinois dans un contexte de censure et d'autocensure d'avant la crise du SRAS. C'est tout simplement choquant. Nous demandons à l'Assemblée nationale de ne pas entériner ce projet de loi en l'état”, a déclaré Reporters sans frontières. Selon le site Internet thebeijingnews.com, les médias risquent des amendes s'ils diffusent des informations sur “la gestion ou le déroulement des urgences (sans l'aval des autorités) ou s'ils donnent de fausses informations”. Ce sont les administrations locales qui doivent distribuer l'information, superviser et gérer les médias en périodes de crises. Et elles ne doivent “diffuser des informations sur les situations d'urgence que si cela n'a pas de conséquences sur leur gestion”. « Cette loi va décourager les journalistes. Alors que, de plus en plus de médias veulent travailler pour l'intérêt général sur ces sujets, l'Etat veut les tenir à l'écart », a témoigné un journaliste chinois d'une radio internationale. Selon l'agence de presse officielle Xinhua, ce projet de loi, qui vise à améliorer la gestion des crises et des accidents, a été élaboré suite à l'épidémie de SRAS. A cette époque, la censure imposée par le Département de la publicité (ex-Département de la propagande) avait maintenu la population, pendant plusieurs mois, dans l'ignorance de la réalité de l'épidémie.
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Updated on 20.01.2016