Un patron de presse inculpé pour avoir diffusé des images des émeutes de la faim : “On m'accuse surtout d'avoir coopéré avec Al-Jazira”, explique-t-il

Reporters sans frontières s'inquiète des poursuites judiciaires lancées contre Nader Gohar, propriétaire de la Cairo News Company (CNC), une agence de télévision égyptienne. Il a été inculpé, le 5 mai 2008, pour avoir diffusé sans autorisation des images des manifestations qui ont eu lieu dans le nord du pays en avril dernier. Les autorités lui reprochent de ne pas avoir renouvelé son permis de diffusion. “La couverture des émeutes de la faim a été semée d'embûches pour de nombreux professionnels des médias. Plusieurs journalistes et blogueurs ont été interpellés pendant les événements qui ont secoué la ville de Mahalla en avril 2008”, a déclaré l'organisation. “Les poursuites judiciaires engagées contre Nader Gohar sonnent comme un avertissement à tous les journalistes égyptiens qui collaborent avec des médias étrangers. Nous appelons le parquet à mettre fin à cette procédure et à accorder un délai au journaliste pour renouveler son permis de travail”, a ajouté Reporters sans frontières. Le tribunal correctionnel d'Al-Agouza (Le Caire) a inculpé, le 5 mai 20008, Nader Gohar, propriétaire de la société de diffusion Cairo News Company, pour avoir diffusé sans autorisation des images, filmées le 6 avril, des manifestations contre la hausse des prix des denrées de première nécessité qui ont eu lieu à Mahalla. Devant les caméras, les manifestants avaient arraché des photos du président égyptien Hosni Moubarak. La plainte a été déposée par l'Union de la radiotélévision égyptienne (publique). Le 17 avril, des policiers ont procédé à la perquisition des locaux de la CNC et confisqué des antennes paraboliques ainsi que du matériel appartenant à des chaînes étrangères qui collaborent avec la société de diffusion. Nader Gohar a été entendu à trois reprises par le procureur général du Caire. Son procès devrait s'ouvrir le 26 mai prochain. Joint par Reporters sans frontières, Nader Gohar a nié avoir envoyé une équipe à Mahalla pour couvrir les manifestations. “De nombreuses sociétés de diffusion travaillent sans permis en Egypte. Je suis victime de la campagne de harcèlement menée par l'Etat contre Al-Jazira, l'une des chaînes de télévision avec lesquelles je collabore régulièrement”, a-t-il déclaré. Nader Gohar a confirmé ne plus posséder de permis de diffusion depuis quelques mois. Mais selon lui, les autorités lui avaient demandé d'attendre une réforme de la loi avant de renouveler son dossier. Nader Gohar, dont l'avocat n'a pas été autorisé à consulter le dossier, pourrait encourir une peine de prison et une forte amende. Son affaire sera jugée par Sherif Kamal, un magistrat connu pour avoir déjà prononcé des condamnations sévères envers les professionnels des médias dans de précédentes affaires.
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Mise à jour le 20.01.2016