Un magazine suspendu et deux journalistes licenciés en marge de l'Assemblée nationale populaire

Le gouvernement chinois a ordonné la suspension temporaire du magazine Ershiyi Shiji Huanqiu Baodao (Le Messager mondial du 21ème siècle) suite à la publication d'une interview d'un vieux leader réformateur. Le Premier ministre sur le départ, Zhu Rongji, a par ailleurs obtenu le licenciement de deux responsables de la rédaction de l'hebdomadaire Xinwen Zhoukan (Les nouvelles hebdomadaires de Chine). Reporters sans frontières dénonce ces sanctions contre des médias qui tentent de briser l'étau de la censure et de la propagande. "Au vu de ces deux lourdes sanctions, on peut s'inquiéter de la manière dont les nouveaux dirigeants du pays comptent traiter la presse libérale", a déclaré l'organisation. Reporters sans frontières appelle le nouveau gouvernement à enfin respecter les engagements internationaux de la Chine qui a signé le Pacte international des droits civils et politiques, dont l'article 19 garantit la liberté d'expression. Dans la semaine du 10 mars 2003, l'hebdomadaire Ershiyi Shiji Huanqiu Baodao (Le Messager mondial du 21ème siècle) a été interdit de parution vraisemblablement pendant un mois par le Département de la propagande de la province du Guangdong (sud du pays), où il est publié par le groupe de presse Quotidien du sud de Canton. Cette sanction serait liée à la publication dans le numéro daté du 3 mars d'un article de Li Rui, ancien secrétaire du président Mao Zedong, qui critiquait ouvertement les dirigeants communistes et appelait à des réformes politiques. Un article peu conforme à la version officielle chinoise qui prévaut sur la crise nucléaire entre les Etats-Unis à la Corée du Nord pourrait également être à l'origine de cette interdiction. Ces deux articles sont toujours disponibles sur le site Internet (www.nanfangdaily.com.cn/hg/20030310/) de l'hebdomadaire. Selon un journaliste du Nanfang Zhoumo (également publié par le groupe Quotidien du sud) interrogé par Reporters sans frontières, les déclarations de Li Rui avaient déjà été publiées, en janvier dernier, dans les colonnes de l'hebdomadaire China Chronicle. Selon l'agence de presse Reuters, cette fermeture n'est pas une surprise pour les responsables du Ershiyi Shiji Huanqiu Baodao. "Nous savions que notre magazine serait fermé", a confié l'un des rédacteurs en chef du journal. Le 3 mars également, les autorités ont empêché la vente du numéro du magazine en chinois Xinwen Zhoukan (Les nouvelles hebdomadaires de Chine) qui contenait un article jugé insuffisamment révérencieux sur le Premier ministre sortant Zhu Rongji. L'article a également été enlevé du site Internet. Le magazine a repris sa publication, mais deux responsables de la rédaction ont été renvoyés pour avoir laissé publier cet article. Zhu Rongji aurait personnellement exigé des sanctions au Département de la propagande contre cette publication de luxe qui dépend de l'agence d'information semi-privée Zhongguo Xinwen She (China News Service).
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Updated on 20.01.2016