Un journaliste violemment agressé à Dohuk, RSF demande l’ouverture d’une enquête

Ayhan Saeed, présentateur du bulletin d’information en Kurmanji de la chaîne Payam TV, a été violemment agressé par des inconnus dans la nuit du 27 au 28 juillet 2014 à Dohuk. Le jeune journaliste, grièvement blessé, témoigne.

Reporters sans frontières condamne la violente agression, dans la nuit du 27 au 28 juillet 2014, du présentateur du bulletin d’information en kurmanji de la chaîne Payam TV, Ayhan Saeed, à Dohuk (nord-ouest d’Erbil) par des inconnus, et demande au gouvernement régional du Kurdistan d’ouvrir une enquête indépendante sans exclure la piste professionnelle. Grièvement blessé, le journaliste a été transféré à l’hôpital pour y recevoir des soins. Interrogé à sa sortie de l’hôpital sur la chaîne satellitaire Badinan Sat, proche de l’Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani, il raconte son agression: “La veille de l’Eid, je suis allé dans un café du bazar pour y rencontrer des amis. J’attendais le bus pour rentrer chez moi quand quatre ou cinq individus se sont approchés. L’un d’eux m’a demandé si j’étais Ayhan. Quand j’ai répondu positivement, j’ai reçu un violent coup sur l’arrière du crâne porté par un objet métallique. J’ai perdu conscience, mais ils ont continué à me frapper. J’ai repris mes esprits quand un serveur du café qui passait par là m’a versé de l’eau sur le visage. C’est lui qui m’a emmené à l’hôpital en taxi (...) Dix jours auparavant, le département de la sécurité à Dohuk, les Asayesh, est venu se renseigner sur moi, ma famille, mes études, mes déplacements quotidiens. Ils me suivaient déjà au café.” Interrogé par Reporters sans frontières le 30 juillet, Faruq Ali, directeur général de Payam TV, déclare qu’une enquête a été ouverte quelques heures après l’incident. La police l’a par ailleurs informé avoir arrêté deux personnes qui seraient immédiatement passé aux aveux. Il craint que la piste professionnelle ne soit écartée, alors même que dans le passé des journalistes au Kurdistan irakien ont été tués en raison de leurs activités professionnelles. Il rappelle que la province de Dohuk est contrôlée par le Parti démocratique du Kurdistan de Massoud Barzani, président de la région, et que Ayhan Saeed n’est pas le premier journaliste à avoir des problèmes à Dohuk. Ayhan Saeed, 21 ans, originaire de Dohuk, mais étudiant à Suleimanieh, collabore depuis deux ans pour Payam TV. Cette chaîne, dont le siège est à Suleimanieh, est affiliée au Groupe islamique du Kurdistan, parti politique qui siège au Parlement de la région autonome du Kurdistan irakien et qui participe au nouveau gouvernement de coalition de Nechirvan Idris Barzani, qui a pris ses fonctions en juin dernier.
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Mise à jour le 20.01.2016