Un journaliste signale par message son enlèvement par la police dans l’État de Veracruz

Evaristo Ortega Zárate, directeur de l’hebdomadaire Espacio à Colipa, dans l’État de Veracruz, est le onzième journaliste porté disparu au Mexique depuis 2003. Irene Ortega a reçu plusieurs messages, le 20 avril 2010, dans lesquels son frère assurait avoir été arrêté par la police à Xalapa. Il n’a plus donné signe de vie depuis. “Préviens tout le monde !”, “Ils nous ont arrêtés”, “Ils nous ont fait monter dans une voiture de police”, signalait le dernier message d’Evaristo Ortega Zárate à sa sœur. Sa famille le recherche depuis, en vain. La police locale a nié toute implication dans cette affaire. D’après la Commission de l‘État de Veracruz pour la défense des journalistes, citée par le Centre de journalisme et d’éthique publique (CEPET), le parquet général de justice de l’État a ouvert une enquête mais plus de vingt-quatre heures après les faits, dont le gouvernement local avait pourtant eu connaissance immédiatement. Evaristo Ortega Zárate, également pré-candidat à la mairie de Colipa au nom du Parti d’action nationale (PAN, dont est issu le président Felipe Calderón), aurait été vu dans un local de sa formation politique dix minutes avant que son premier message ne parvienne à sa sœur. La famille du journaliste s’est plainte du peu de soutien du PAN, dont un autre pré-candidat à la mairie de Colipa aurait disparu en même temps que le journaliste. La présidente de la Commission des droits de l’homme de l’État (CEDH), Nohemí Quirasco, a, très curieusement, exclu d’office le moindre lien entre cette disparition et l’activité professionnelle de la victime, qu’elle ignorait a-t-elle dit, qualifiant Evaristo Ortega Zárate de “parfait inconnu”. Les faits, comme le mobile, méritent d’importants éclaricissements. La piste politique est possible, mais elle n’invalide en rien, à ce stade, la piste professionnelle. D’ores et déjà, les autorités judiciaires locales, dont la réaction a tardé, se doivent d’enquêter en priorité dans les rangs de la police de l’État. Par ailleurs, il serait bon que la présidente de la CEDH de l’État s’explique sur les propos particulièrement indignes qu’elle a tenus. Un homme “sans notoriété” est-il un homme “sans importance” ? Ou s’agit-il au contraire d’étouffer au plus vite une affaire impliquant la police ? Rappelons que 65 % des crimes et attaques commis envers la presse mexicaine sont attribués aux autorités par les organisations locales de défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Evaristo Ortega Zárate est le deuxième journaliste du pays à disparaître en moins d’un mois. Le Mexique compte cinq - peut-être six – journalistes assassinés depuis le début de l’année 2010, et en totalise 62 depuis 2000. Il se classe, avec le Honduras, au rang de pays le plus dangereux du continent pour la sécurité des médias. Photo : Solución Política
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016