Un journaliste russe tué dans l'est de l'Ukraine

Le cameraman de la chaîne russe Pervy Kanal, Anatoli Klian, est mort des suites d’une blessure par balle reçue dans la nuit du 30 juin 2014 aux environs de Donetsk (Est ukrainien).

Anatoli Klian (Анатолий Клян) est le sixième professionnel des médias tué dans le cadre de ses activités professionnelles depuis le début de l’année en Ukraine. La chaîne russe Pervy Kanal a confirmé que son cameraman de 68 ans avait été mortellement blessé au ventre, dans la nuit du 29 au 30 juin 2014, près du village d’Opytnoïé dans la région de Donetsk (Est). Avec des collègues, le journaliste accompagnait des sympathisants de la République populaire de Donetsk (RPD, autoproclamée) et des mères de soldats ukrainiens, qui se dirigeaient vers une caserne ukrainienne pour demander la démobilisation de leurs fils. Leur minibus, qui arborait des affiches pacifistes et était conduit par un chauffeur en tenue de camouflage, est parti de Donetsk vers 23h45. D’après le journaliste de Pervy Kanal Evgueni Liamine, des coups de feu ont été tirés depuis la caserne à l'approche du minibus, le forçant à reculer d’environ 500 mètres. Des passagers, dont Anatoli Klian, en sont alors descendus et ont essuyé des tirs. Le chauffeur et le cameraman ont été touchés. Ce dernier a succombé dans un hôpital municipal de Donetsk. “Nous adressons nos condoléances aux proches et aux collègues d’Anatoli Klian, déclare le responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières, Johann Bihr. Une enquête complète et impartiale doit être menée pour faire toute la lumière sur les circonstances de sa mort, depuis le départ du minibus en pleine nuit vers la caserne ukrainienne jusqu’au tir qui a coûté la vie au journaliste.” Le parquet régional de Donetsk et le Comité d’enquête russe ont ouvert des enquêtes parallèles sur la mort d’Anatoli Klian. Le Parquet général de la RPD s’est également saisi de l’affaire. D’après Pervy Kanal, le minibus avait été affrété par le service de presse des autorités séparatistes. Mais le Premier ministre de la RPD, Alexandre Borodaï, a quant à lui affirmé à l’agence de presse russe RIA Novosti que le voyage avait été organisé par un groupe autonome des autorités locales. “Cette nonchalance a entraîné des pertes humaines. Ceux qui ont emmené les gens là-bas, nous nous en occuperons avec toute la sévérité (requise)”, a-t-il déclaré. La mort d’Anatoli Klian intervient deux semaines après celle de deux autres journalistes russes, Igor Korneliouk et Anton Volochine, mortellement blessés par des tirs de mortier le 17 juin dans la région de Lougansk. Le 24 mai, ce sont le photographe italien Andrea Rocchelli et son fixeur, le célèbre défenseur des droits de l’homme russe Andreï Mironov, qui étaient tués par un obus de mortier près de Sloviansk (région de Donetsk). Le journaliste Viatcheslav Veremiy avait quant à lui été assassiné le 19 février à Kiev après avoir couvert les événements de Maïdan. Plus de 200 professionnels des médias ont également été blessés ou agressés depuis le début de l’année. Les conditions de travail des journalistes sont particulièrement difficiles depuis que les affrontements entre autorités centrales et rebelles anti-Kiev dans l’est du pays ont viré au conflit armé, courant avril. Des dizaines de journalistes, blogueurs et net-citoyens ont été pris en otages par des groupes anti-Kiev, tandis que les interpellations de journalistes russes par les forces armées ukrainiennes sont de plus en plus fréquentes. La guerre de l’information que se livrent les parties au conflit se traduit par des attaques incessantes contre les centres de retransmission audiovisuels et d’intenses pressions sur les médias locaux dans l’Est ukrainien. Agressions, interpellations et menaces sont également le lot de nombreux journalistes en Crimée depuis l’intégration de la région à la Russie, en mars. Voir des vidéos de l'incident, mises en ligne par les chaînes progouvernementales russes Russia Today et LifeNews:

(Photo : Pervy Kanal)
Publié le
Updated on 20.01.2016