Un journaliste pakistanais menacé de mort pour ses reportages sur les minorités religieuses

Le journaliste pakistanais Rana Tanveer, spécialiste des minorités religieuses, a été attaqué dans un quartier de Lahore, quelques jours après avoir signalé des menaces de mort à son encontre à la police locale. Reporters sans frontières (RSF) lance un appel au gouvernement afin qu’il prenne les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des journalistes dans le pays.

Deux jours à peine après avoir retrouvé des menaces de mort sur la porte de son domicile, Rana Tanveer, journaliste pour le journal Express Tribune, a été sciemment et volontairement renversé vendredi 9 juin par une voiture, alors qu’il se rendait à un rendez-vous avec ses proches. Ce genre d’attaque est fréquente au Pakistan contre les journalistes locaux. Rana Tanveer souffre d’une fracture à la jambe et est toujours actuellement hospitalisé.


Le journaliste travaille pour le journal en langue anglaise Express Tribune, un média qui a été à plusieurs reprises attaqué pour ses reportages qui relatent les difficultés des minorités religieuses au Pakistan. Rana Tanveer lui même écrit sur les violences dont sont victimes ces minorités, qui sont régulièrement visées par des groupes religieux, sans que l’Etat ne réagisse.


Le 7 juin dernier, il a découvert la porte de sa maison vandalisée, recouverte de tags l’accusant d’être un membre d’une secte non musulmane et qui le menaçaient de mort pour être “un mécréant qui mérite d’être tué”. Contraint de déménager, le journaliste avait signalé l’incident à la police, qui n’a pas jugé bon de prendre en compte sa plainte.


RSF demande aux autorités de mettre en place des politiques concrètes et efficaces pour mettre un terme aux représailles qui visent régulièrement les journalistes qui travaillent sur des affaires sensibles. Le gouvernement doit reconnaître que son inaction encourage les actes de violences et qu’il est urgent d’adopter des moyens adéquats pour lutter contre ces attaques répétées.


Le Pakistan demeure l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes. Le gouvernement semble non seulement peu disposé à s’engager pour améliorer la situation, mais les dernières mesures semblent peu favorables à la liberté de la presse dans le pays. Au début du mois de mai, les autorités annonçaient la possible création d’un “Code de conduite” pour la presse écrite après avoir réprimandé deux journalistes et le Dawn, le plus ancien journal local.


En janvier 2017, quatre blogueurs pakistanais, réputés pour leurs commentaires sur des disparitions forcées et leurs prises de positions libérales, avaient disparu. Ils ont finalement été relâchés quelques semaines plus tard.


Le Pakistan se situe à la 139ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2017.

Publié le
Updated on 23.08.2019