Un journaliste menacé en vertu d’une réglementation répressive

Reporters sans frontières condamne les menaces proférées par un fonctionnaire du gouvernement pakistanais contre le journaliste Farooq Mahsud, le 20 juillet 2012, au Waziristan du Sud (Régions tribales, ouest du pays). L’officiel a notamment menacé d’invoquer la Réglementation sur les crimes frontaliers (Frontier Crimes Regulations) pour justifier l’arrestation du journaliste. “Nous sommes préoccupés par la situation des journalistes travaillant dans les régions tribales. À l’insécurité générale qui caractérise cette zone, à la frontière avec l’Afghanistan, s’ajoutent également les menaces provenant des taliban et des autorités locales”, a déclaré Reporters sans frontières. “Souvent utilisée contre des journalistes, la Réglementation sur les crimes frontaliers est une épée de Damoclès pour la presse travaillant dans les régions tribales et une entrave à l’amélioration du respect de la liberté d’information dans cette zone. En vertu de cette réglementation, les officiers ont le pouvoir de poursuivre en justice, condamner à des amendes, et même expulser ceux qui sont considérés comme des menaces à l’ordre public”, a ajouté l’organisation. Le 20 juillet 2012, le journaliste Farooq Mahsud a contacté par téléphone l’Assistant Political Officer (APO), M Hameedullah Khan, qui joue un rôle de médiateur entre les autorités et la population, afin d’obtenir, d’une source officielle, des informations sur des déplacés internes au Pakistan. En réponse, ce dernier l’a intimidé. Il a remis en cause sa légitimité à mener des enquêtes de ce type et l’a menacé d'arrestation s’il osait publier son reportage. Farooq Mahsud exerce en tant que reporter freelance, dans la région frontalière de Dera Ismail Khan, notamment pour 96 International Radio Network et pour Metro One TV. La Réglementation sur les crimes frontaliers (RCF), établie en 1901 mais dont les origines remontent à l’Empire colonial britannique, s’applique uniquement aux régions tribales fédéralement administrées. Elle confère de vastes pouvoirs aux officiers et aux fonctionnaires chargés du maintien de l’ordre, qui agissent comme intermédiaires entre les groupes tribaux et le gouvernement fédéral. Le Pakistan se situe à la 151e place, sur 179 pays, dans le classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016