Un journaliste menacé de mort par un gouverneur de province

Reporters sans frontières exprime sa vive préoccupation après les menaces de mort prononcées publiquement par Ildefonso Muananthatha, les 16 et 17 mars 2009, à l'encontre de Bernardo Carlos, journaliste au quotidien Notícias. Le gouverneur de la province de Tete (centre-ouest du pays) a menacé le journaliste de subir le même sort que son confrère Carlos Cardoso, assassiné en 2000. "Nous condamnons fermement les propos choquants du gouverneur Muananthatha. La référence à Carlos Cardoso n'est pas anodine car le drame qu'avait constitué son assassinat reste gravé dans la mémoire de tous les journalistes mozambicains. Nous appelons les autorités à prendre ces menaces très au sérieux et à tout faire pour garantir la sécurité du journaliste", a déclaré l'organisation. Le 16 mars 2009, Bernardo Carlos s'est rendu dans le district de Magoé avec plusieurs journalistes de la Televisão de Moçambique (TVM), de Rádio Moçambique (RM) et du quotidien Diário de Moçambique, afin de couvrir un meeting du gouverneur Muananthatha. Lors de son discours, ce dernier a déclaré que "la vérité a un prix". S'adressant à Bernardo Carlos, le gouverneur Muananthatha a ajouté : "Savez-vous ce qui est arrivé au journaliste Carlos Cardoso ? Ne soyez pas surpris si un jour vous vous réveillez sans le bras que vous avez utilisé pour m'humilier." Le lendemain, il a de nouveau menacé le journaliste. Le gouverneur reproche à Bernardo Carlos une série d'articles traitant de la gestion des emplois publics et des services municipaux. Il lui reproche notamment un article concernant l'état du réseau électrique et le traitement des conséquences de l'inondation dans la province de Tete, deux ans auparavant, qui a fait de nombreux sans-abri. Carlos Cardoso, directeur de Metical, a été assassiné le 22 novembre 2000 sur l'avenue Martires de Machava à Maputo. Il était dans son véhicule avec son chauffeur quand deux hommes leur ont bloqué la route et ont ouvert le feu. Carlos Cardoso, touché de plusieurs balles à la tête, est mort instantanément. Son chauffeur a été grièvement blessé. Avant sa mort, le journaliste enquêtait sur la disparition d'une somme équivalente à plusieurs millions d'euros à la Banque commerciale du Mozambique. Il avait notamment cité les noms des frères Satar et de Vicente Ramaya, trois hommes d'affaires mozambicains.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016