Un journaliste jugé pour ‘‘diffamation'' condamné à trois ans et neuf mois d'interdiction d'exercer

Francisco Pérez, éditorialiste pour le quotidien El Carabobeño, a été condamné à Valencia, État de Carabobo, le 11 juin 2010, à une peine de trois ans et neuf mois d’interdiction d’exercer son métier. Il a également été déchu de ses droits civiques et condamné à verser 1 250 “Unidades Tributarias” (15 427 euros) de dommages et intérêts pour “diffamation” et ‘‘injures’’. Dans son éditorial “En Secreto” (“En Secret”), qu’il rédige depuis plus de trente ans, Francisco Pérez avait expliqué, le 30 mars 2009, que le maire de Valencia profitait de sa position pour procurer des postes clefs aux membres de sa famille. Le maire, Edgardo Parra, avait par la suite porté plainte pour ‘‘offense à un fonctionnaire et injure contre un agent du service public. Francisco Pérez réfute la décision du juge et se défend de toute intention de porter préjudice à l’honneur du maire et à celui de ses proches. La présence de membres de la famille du maire au sein de la mairie étant un fait de notoriété publique, l’éditorialiste a qualifié cette décision “d’aberrante”. “Le maire ne m’a jamais sollicité de droit de réponse auprès du journal. Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai écrit, car j’ai confiance en mes sources”, a expliqué Francisco Pérez en sortant du tribunal. Le journaliste a également déclaré qu’il ferait appel de la décision. Reporters sans frontières condamne le caractère archaïque et dangereux d’une telle décision. L’interdiction faite à Francisco Pérez d’exercer sa profession constitue une mesure indigne et disproportionnée au vu des faits allégués. Au nom de quels principes un journaliste sanctionné serait-il privé de parole ? Une telle décision représente une entrave sans commune mesure à la liberté de la presse qui, si elle était confirmée, pourrait inciter les journalistes à l’autocensure. Cette décision porte un coup sévère à la liberté de la presse au Venezuela, où le tribunal de Caracas a lancé, le 11 juin dernier, un mandat d’arrêt contre Guillermo Zuloaga, président de la chaîne de télévision privée Globovisión, pour une affaire ne relevant pas de son activité de patron de presse, mais par ailleurs poursuivi pour “offense au chef de l’État” pour des propos tenus en mars dernier.
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Updated on 20.01.2016