Un journaliste hospitalisé après six jours en détention : RSF demande sa libération

Reporters sans frontières demande à nouveau aux autorités libériennes de procéder immédiatement à la remise en liberté du directeur du quotidien Frontpage Africa, Rodney Sieh. Incarcéré depuis le 21 août 2013 pour son refus de payer une très lourde amende, le journaliste a été transféré à l'hôpital dans la soirée du 27 août du fait de la détérioration rapide de son état de santé. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Rodney Sieh souffre de graves problèmes de santé suite à une grève de la faim qu'il a entamée dès son entrée en prison. "Nous appelons Rodney Sieh à mettre fin au plus vite aux privations qu'il s'inflige. Nous considérons, néanmoins, qu'une forme aussi extrême d'appel au secours doit susciter la clémence des autorités. Celles-ci ne sauraient ajouter un drame au scandale que constituent déjà la détention injuste de ce journaliste et la fermeture de son quotidien. Il y a urgence", a déclaré Reporters sans frontières. --------- 26.08.2013 - Le quotidien Frontpage Africa fermé deux jours après l'incarcération de son directeur Reporters sans frontières dénonce fermement la décision prise par la Cour suprême du Libéria, le 23 août 2013, d'interdire de publication le quotidien Frontpage Africa, deux jours après l'emprisonnement de son directeur et fondateur, Rodney Sieh. Cette décision intervient peu après une tentative de négociation de l’Union de la presse du Libéria (Press Union of Liberia – PUL) et des acteurs de la société civile avec les autorités afin d'éviter la fermeture de Frontpage Africa. -------- 22.08.2013 - RSF dénonce l’incarcération d’un journaliste incapable de payer une amende astronomique Reporters sans frontières (RSF) proteste fermement contre la condamnation du journal Frontpage Africa à 1,6 millions de dollars de dommages et intérêts (1,2 millions d'euros), prononcée le 20 août 2013 par la Cour suprême du Libéria. Cette sentence fait suite à une plainte en diffamation déposée par l'ancien ministre de l'Agriculture, Chris Toe. Dans l’attente du paiement, le juge a ordonné la fermeture du journal ainsi que l'incarcération de son directeur, Rodney Sieh. Le journaliste a été transféré en prison le 21 août, après avoir affirmé qu'il ne paierait pas la somme. "La décision de la Cour suprême constitue une violation inacceptable de la liberté de l'information. Il est choquant qu'un journaliste soit derrière les barreaux pour son travail dans un pays présidé par une lauréate du prix Nobel de la paix, qui a en outre pris de forts engagements en faveur de la liberté de la presse en signant en 2007 la Déclaration de Table Mountain", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous demandons à la présidente Ellen Johnson Sirleaf d'intervenir, dans la limite de ses pouvoirs, pour que ses engagements soient respectés et que Rodney Sieh soit immédiatement remis en liberté. Cet incident souligne également l’urgence de compléter la dépénalisation des délits de presse par l’instauration de plafonds pour les amendes, sans quoi les réformes déjà entreprises resteront largement privées d’effet. Une peine aussi disproportionnée que celle prononcée contre Frontpage Africa contribue à l’intimidation de la presse, dont le rôle est pourtant essentiel à la lutte contre la corruption", à ajouté l'organisation. Dans une série d’articles publiés en 2009, Frontpage Africa avait accusé Chris Toe d’avoir détourné des fonds de son ministère. Ce dernier maintient que les révélations du journal étaient fausses et qu'elles ont gravement entaché sa réputation. L'Union de la presse du Libéria (Press Union of Liberia – PUL) et les acteurs de la société civile sont actuellement en négociation avec les autorités afin d'éviter la fermeture de Frontpage Africa. Rodney Sieh est également comparu devant le même juge, le 20 août 2013, dans une autre affaire de diffamation. Matilda Parker, directrice de l'Autorité portuaire nationale (National Port Authority – NPA), lui réclame 1 million de dollars de dommages et intérêts (750 000 euros) pour des commentaires de lecteurs injurieux à son encontre publiés sur le site Internet de Frontpage Africa. Et ce, malgré les excuses officielles présentées par Rodney Sieh ainsi que la suspension du rédacteur du journal qui aurait permis la publication des commentaires incriminés. Les avocats de la plaignante ont aussi indiqué leur intention de demander au juge la fermeture de Frontpage Africa. Le Libéria occupe la 97e place sur 179 pays dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières. Photo : Un homme vend des journaux à Monrovia (Issouf Sanogo / AFP)
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Updated on 20.01.2016