Un journaliste harcelé par les services secrets

Amir Mateen, correspondant à Islamabad du quotidien anglais The News, subit depuis plusieurs semaines les menaces d'individus identifiés comme des agents des services secrets pakistanais. Il a notamment été averti qu'il "souffrirait physiquement" s'il continuait à écrire des articles critiquant le gouvernement. "Les actes d'intimidations des services secrets contre les journalistes se sont multipliés de façon inquiétante ces derniers mois. Plus que de simples incidents isolés, ils semblent avoir été érigés en véritables modes de gestion des relations avec les médias. Une évolution qui n'est qu'une illustration supplémentaire de l'idée toute relative que le gouvernement se fait du respect de la liberté de la presse", a déclaré Robert Ménard, le secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au ministre de l'Information, Nisar Memon. L'organisation a demandé au ministre d'intervenir auprès du gouvernement pour que cesse au plus tôt le harcèlement à l'encontre d'Amir Mateen. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières auprès du journaliste, Amir Mateen a commencé à être victime d'intimidations après avoir écrit plusieurs articles sur les intentions supposées du gouvernement de truquer les élections générales du 10 octobre prochain, une crainte exprimée par de nombreux partis d'opposition au Pakistan. Les lignes téléphoniques du journaliste ont alors été placées sur écoute et il a commencé à être constamment suivi par des agents des services secrets. Ses collaborateurs et sa famille ont eux-mêmes été victimes de harcèlement à plusieurs occasions. Le journaliste a informé le Secrétaire à l'Information, Anwer Mahmood, de la situation. Il a également déposé plainte contre x dans un poste de police d'Islamabad, mais les policiers se sont contentés d'enregistrer sa plainte sans ouvrir d'enquête. Depuis, la situation du journaliste a encore empiré. Amir Mateen affirme avoir été ouvertement menacé par des agents des services secrets qui lui auraient dit que le "traitement précédent ne lui avait rien appris" et qu'étant donné ces problèmes cardiaques, il ne pourrait pas "supporter une journée de tortures". La deuxième semaine de septembre, le ministre de l'Information, Nisar Memon, alors à New York, s'était engagé à s'occuper personnellement de cette affaire, mais le journaliste n'a depuis été contacté par aucun officiel du gouvernement. Déjà en mai, des journalistes de The News, notamment Rauf Klasra, avaient fait l'objet de menaces des services secrets. En juillet, Muzaffar Ejaz, le directeur du quotidien Jasarat, avait également été harcelé.
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Updated on 20.01.2016