Un journaliste de radio victime d'un attentat et de menaces de mort visant aussi deux de ses collègues

Reporters sans frontières appelle les autorités à prendre des mesures de protection en faveur de John Isuiza Inauma, de la station de radio MBR, et de ses proches, après l'attentat dont il a été victime, le 8 février 2008 à Yurimaguas (Nord-Est). Le journaliste a reçu au même moment des menaces de mort visant également deux de ses collègues, Rodolfo Isla Castillo, indépendant, et Julio César Mendoza Escobar, de la station Radio Candela. L'organisation sollicite la même protection pour ces derniers. “Une fois de plus, le contexte de la corruption locale apparaît en fond de ce qui s'apparente à un acte de représailles contre un journaliste et un avertissement aux médias. Le Pérou détient le triste record continental des agressions envers la presse. Près de 200 ont été constatées en 2007, parmi lesquelles des attentats de ce genre et un assassinat. Les autorités ont tardé à réagir et il est plus qu'urgent qu'elles donnent des gages sérieux en faveur de la liberté de la presse et contre l'impunité. Nous espérons que le ministère de l'Intérieur se saisira directement de la situation des trois journalistes de Yurimaguas”, a déclaré Reporters sans frontières. Dans la matinée du 8 février 2008, des inconnus ont ouvert le feu à cinq reprises en direction de la maison de John Isuiza Inauma, alors que s'y trouvaient sa femme et ses enfants. Le journaliste était absent. D'après l'organisation de défense de la liberté de la presse IPYS (Instituto Prensa y Sociedad) et le quotidien régional Pro y Contra, les balles tirées ont touché un véhicule stationné devant la résidence et personne n'a été blessé. Le même jour, des tracts menaçant de mort John Isuiza Inauma et ses deux collègues Rodolfo Isla Castillo et Julio César Mendoza Escobar, ont été découverts sur les lieux de l'attentat. Rodolfo Isla Castillo a supposé un lien entre l'attaque et la mise en cause par les trois journalistes d'Héctor Hidalgo, maire de la province d'Alto Amazonas, d'Iván Vásquez Valera, président de la région Loreto et de Lidia Navarro Bardales, directrice de l'hôpital Santa Gema à Yurimaguas, dans des affaires de corruption. Dans une interview donnée au quotidien La Régión, le 6 août 2007, Lidia Navarro Bardales réagissait aux dénonciations de Rodolfo Isla Castillo et disait attendre sa condamnation en justice pour “diffamation” et “calomnie”. Selon le journaliste, la directrice d'hôpital aurait détourné des fonds pour s'offrir une maison. La direction régionale de la santé avait alors ordonné un contrôle de gestion. Le maire Héctor Hidalgo s'est, quant à lui, défendu de toute implication dans l'attentat et a même laissé entendre que les journalistes auraient pu simuler l'attentat pour leur publicité personnelle.
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Updated on 20.01.2016