Un journaliste condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir diffusé des cris de prisonniers

Reporters sans frontières s’indigne de la sentence prononcée par la justice angolaise le 7 février 2014 à l'encontre de Queirós Anastácio Chiluvia, directeur de l'information à la Radio Despertar, financée par le principal parti d’opposition du pays, l’Unita. Pour avoir diffusé à l'antenne les cris de prisonniers appelant à l'aide pour l'un des leurs gravement malade, il a été condamné à six mois de prison avec un sursis de deux ans, accusé de "diffamation, calomnie, outrage aux forces de l’ordre et exercice illégal de la presse". Selon les contacts de Reporters sans frontières en Angola, les avocats du journaliste prévoiraient de porter plainte contre la police pour arrestation arbitraire et mauvais traitement à un plus haut niveau de juridiction. "Les charges retenues contre le directeur de l’information de Radio Despertar sont tout bonnement injustifiées. Est-ce diffamatoire de rapporter les cris d'appels aux soins d'un prisonnier qui est finalement mort de sa maladie, quelques heures après qu'on l'ait transféré à l'hôpital grâce à ce reportage? Est-ce une atteinte aux forces de l'ordre que d'être entré dans le commissariat pour leur demander des explications? Ces accusations et condamnations excessives prononcées par un tribunal de quartier témoignent du peu de cas que les autorités angolaises semblent accorder à la liberté d'information", déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. "Il est décevant de voir la justice ainsi instrumentalisée. Nous demandons que toutes les charges contre Queirós Anastácio Chiluvia soient abandonnées", ajoute-t-elle. Queirós Anastácio Chiluvia avait été arrêté le 2 février 2014 par la police de Cacuaco, un quartier en périphérie de la capitale Luanda, après avoir tenté d'obtenir des informations de la part des policiers concernant des cris de détresse qu'il avait entendu en passant devant le poste de police. Les détenus réclamaient de l'aide médicale pour l'un des leurs, atteint de tuberculose et gravement malade. Face au refus des forces de l'ordre de répondre à ses questions, il avait diffusé ces appels au secours en direct sur sa station de radio. Il avait alors été arrêté et détenu pendant cinq jours sans inculpation ni jugement. Présenté à un juge le 7 février, il a été condamné et relâché dans la foulée après avoir payé une caution de 2000 dollars. Le prisonnier malade qui avait finalement été transféré dans un hôpital après la diffusion radiophonique, est décédé quelques heures plus tard. L’Angola occupe la 130e place sur 179 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2013, établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016