Un journaliste condamné à quatre ans de prison et 253 … coups de fouet

Un journaliste condamné à quatre ans de prison et plus de deux cents coups de fouet, un deuxième soumis à de fortes pressions durant son procès, de nouvelles poursuites contre deux journalistes déjà condamnés à des peines de prison… Reporters sans frontières dénonce les récentes attaques, menées par la justice, à l'égard des professionnels de la presse. "Ces derniers coups de semonce des durs du régime contre la presse sont tout simplement inadmissibles. Quant aux réformateurs, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont incapables de défendre ces journalistes. C'est honteux", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Le 19 avril, Ali-Reza Jabari a été condamné à quatre ans de prison, 253 coups de fouet et six millions de rials (environ 1 000 euros) pour "consommation et distribution de boissons alcooliques, adultère et incitation à des actes immoraux". Ce type d'accusations est classique à l'encontre de personnalités laïques. En réalité, ce que l'on reproche au journaliste, c'est d'être membre de l'Association des écrivains et d'avoir envoyé des articles à des sites d'information basés à l'étranger, tout particulièrement en faveur d'un avocat actuellement emprisonné, Nasser Zarafshan. L'avocat du journaliste a déclaré que l'arrestation d'Ali-Reza Jabari avait été menée en toute illégalité. Le procès s'est tenu en son absence. Traducteur et collaborateur de plusieurs journaux indépendants dont Adineh, Ali-Reza Jabari avait été arrêté le 28 décembre 2002 puis libéré le 6 février. Il avait été arrêté à nouveau le 17 mars 2003. Le 25 décembre 2002, une interview du journaliste était parue dans Charvand, publication persophone basée au Canada, dans laquelle il expliquait notamment que le guide la République islamique voulait que la crise dégénère dans tout le pays. La seconde arrestation est intervenue peu après ses déclarations à la presse sur ses conditions de détention et les pressions qu'il avait subies pour faire des aveux. Arrêtés respectivement en octobre et novembre 2002, Hossein Ghazian et Abbas Abdi, comparaissent actuellement devant la justice pour "possession de documents secrets du ministère des Renseignements". Le procès se tient à huis clos et sans la présence de leur avocat. Ils avaient déjà été condamnés, en appel, début avril, à quatre ans et six mois de prison : quatre ans pour "avoir communiqué des informations à des pays ennemis" et six mois pour "propagande contre le régime islamique". Hossein Ghazian, l'un des directeurs de l'institut de sondage Ayandeh et journaliste du quotidien Norooz, et Abbas Abdi, autre directeur de Ayandeh, ancien rédacteur en chef du quotidien Salam et membre de la rédaction de nombreux journaux réformateurs, étaient accusés d'avoir "reçu de l'argent de l'institut de sondage américain, Gallup, ou d'une ambassade étrangère". Ces arrestations étaient intervenues après qu'IRNA, l'agence de presse officielle iranienne, avait diffusé, le 22 septembre, un sondage (réalisé par la Société nationale des études de l'opinion publique et Ayandeh) qui indiquait que "74,4 % des Iraniens étaient favorables à la reprise des relations avec Washington". Sina Motallebi, journaliste de Hayat-é-No et animateur du site www.rooznegar.com, est en détention provisoire depuis le 20 avril. Son avocat n'a pas pu assister, le 26 avril, à la première audience de son procès, le juge Saberi Zafargandi considérant "cette présence inutile à ce stade du dossier". Les proches du journaliste se sont inquiétés de ce que ce dernier ait confirmé la version du juge. Ils craignent qu'il ait été soumis à des pressions de la part du tribunal. Celui-ci est, en effet, connu pour avoir précédemment jugé plusieurs journalistes - Siamak Pourzand, Kambiz Kaheh, Said Mostaghasi - qui, eux aussi, avaient fait des aveux. Après la fermeture, en janvier 2003, du quotidien réformateur Hayat-é-No, Sina Motallebi avait activé le site Rooznegar sur lequel il avait notamment pris la défense de Alireza Eshraghi, un journaliste de Hayat-é-No, arrêté le 11 janvier. Ce site, qui défendait notamment les journalistes emprisonnés, s'était attiré les foudres de certains réformateurs - qui y avaient été critiqués pour leur silence sur les arrestations de journalistes - et de la justice iranienne. Accusé d'"atteinte à la sécurité nationale à travers une activité artistique", ce journaliste avait été convoqué à plusieurs reprises ces quatre derniers mois par la justice de Téhéran et Adareh Amaken.
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Updated on 20.01.2016