Un journaliste condamné à neuf ans de prison : RSF dénonce un avertissement pour les médias à l’approche de l’élection présidentielle

Reporters sans frontières dénonce fermement la condamnation à neuf ans de prison d’Avaz Zeynalli, rédacteur en chef du journal Khural. Le 12 mars 2013, le tribunal pour les délits aggravés de Bakou (capitale) a condamné Avaz Zeynalli à neuf ans de prison pour « corruption à grande échelle » (article 311.3.3 du code pénal), « extorsion de fonds » (article 311.4), « non-exécution d’une décision judiciaire » (article 306) et « évasion fiscale aggravée » (article 213.1). Le journaliste devra en outre verser 4 076 AZN (environ autant d’euros) au Trésor public, en dédommagement des « dommages causés ». Le journaliste a été inculpé sur la plainte d’une ancienne députée du parti au pouvoir, Gular Akhmedova, qui n’a pas pris part aux audiences. Elle-même fait aujourd’hui l’objet d’une enquête pour « corruption ». Aucune preuve tangible n’est venue étayer les charges retenues contre Avaz Zeynalli. « Cette condamnation vient clore un procès marqué par le mépris des droits de la défense. Avaz Zeynalli, malade, sera resté en prison près d’un an et demi avant de connaître sa peine. L’instruction a été menée à charge sur un dossier monté de toutes pièces. Dans ces conditions, le verdict prononcé contre le journaliste a tout d’une vengeance politique et d’un avertissement à l’égard des médias en amont de l’élection présidentielle d’octobre 2013. Si elle veut faire la preuve de son indépendance, la justice doit casser en appel ce jugement inique », a déclaré Reporters sans frontières. Khural a fait l’objet de nombreuses procédures judiciaires qui ont abouti à la saisie de tout l’équipement de la rédaction. Le journaliste avait été arrêté en octobre 2011, peu après la publication d’un article très critique à l’égard du président de la République, Ilham Aliev. Malgré de sérieux problèmes de santé, ses demandes de remise en liberté conditionnelle ont toutes été rejetées, et il a fait l’objet de diverses brimades et de privations de ses droits. Journalistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’homme font face à des pressions de plus en plus fortes en Azerbaïdjan, situé à la 156e sur 179 pays dans le classement 2013 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières. Encadrement des ONG, contrôle d‘Internet, criminalisation des manifestations non autorisées... à l’approche de l’élection présidentielle prévue cet automne, les lois liberticides se succèdent. Le 7 mars 2013, trois blogueurs d’opposition ont été arrêtés en amont d’une manifestation à Bakou. Le journal d’opposition Azadlig est menacé d’étouffement par des amendes astronomiques. Retrouvez nos précédents communiqués sur Avaz Zeynalli : - Libérez les journalistes emprisonnés ! (10 janvier 2013) - Des journalistes en danger dans les prisons azerbaïdjanaises (31 août 2012) - Acharnement sur un journal et son rédacteur en chef (4 novembre 2011) (Photo: Turan)
Publié le
Updated on 20.01.2016

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