Un journaliste condamné à cinq ans de prison ferme

Reporters sans frontières condamne fermement la condamnation du journaliste Ilah Haydar Shae, le 18 janvier 2011, à cinq ans de prison et à deux ans de résidence surveillée, par le tribunal chargé des affaires terroristes. Le journaliste a refusé d’interjeter appel. « Les autorités yéménites utilisent le prétexte de la lutte contre le terrorisme afin de faire condamner un journaliste, connu pour son expertise sur les questions relatives à Al-Qaïda dans la péninsule arabique. Ses analyses tendaient à remettre en question la politique sécuritaire du gouvernement. Nous dénonçons les mauvais traitements dont le journaliste a été victime depuis son arrestation. Cette dernière peut d’ailleurs être assimilée à une disparition forcée. Nous exigeons sa libération immédiate », a déclaré Reporters sans frontières. Ilah Haydar Shae, 34 ans, journaliste au sein de l’agence de dépêches Saba, était accusé d'avoir travaillé pour le compte du réseau Al-Qaïda. Détenu depuis le 16 août, il a été reconnu coupable d'avoir "fait venir au Yémen des éléments pour les aider à s'enrôler dans Al-Qaïda", "pris des photos de bâtiments des services de sécurité, d'ambassades et d'intérêts occidentaux et incité Al-Qaïda à les viser" par des attentats. Le jugement impute aussi à Ilah Haydar Shae d’être le conseiller média de l’imam Anwar Al-‘Awlaqi (dont les prêches auraient inspiré les auteurs d’attentats visant les Etats-Unis) et d'avoir aidé à diffuser les communiqués d'Al-Qaïda et contribué à la publication de son magazine online, "Sada al-Malahem" (L'écho des batailles). Ce jugement intervient au lendemain de la condamnation d’Anwar Al-‘Awlaqi par le même tribunal à dix ans de prison. Le journaliste a rejeté le verdict, dénonçant le fait que "la justice œuvre pour les services de renseignements". Arrêté le 16 août 2010, le journaliste est depuis maintenu à l’isolement dans la prison des services de renseignements à Sanaa. Au cours des audiences précédentes, il avait refusé, à plusieurs reprises, de comparaître. Contestant la légalité de la cour, il avait exigé que les responsables de ses deux arrestations les 11 juillet et 16 août 2010 (qui peuvent être qualifiées de disparitions forcées) soient cités devant la justice. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, le journaliste a été victime d’actes de torture et de mauvais traitements depuis son arrestation (pour plus d’informations : http://fr.rsf.org/yemen-quatrieme-audience-du-proces-d-24-11-2010,38883.html). L’organisation rappelle que Fouad Rachid, journaliste à à Al-Mukalla, capitale régionale de la province d’Hadramaout (500 km à l’est de Sanaa), est toujours détenu arbitrairement depuis le 10 janvier dernier. Fouad Rachid, né en 1970, ancien secrétaire de rédaction du journal Al-Massila et collaborateur du journal 26 Septembre, a récemment fondé le site d’informations en langue arabe Al-Mukalla Press dont il est le rédacteur en chef. Ce site traite notamment du mouvement de protestation qui agite actuellement le sud du pays. Il avait déjà été arrêté le 4 mai 2009 (http://fr.rsf.org/yemen-large-campagne-des-autorites-05-05-2009,32891.html), avant d’être relâché le 26 mai 2010 (http://fr.rsf.org/yemen-grace-presidentielle-a-l-occasion-25-05-2010,37554.html) sans avoir été jugé, sur décision du ministre de la Justice.
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Updated on 20.01.2016